Par Lillian Avedian
Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev se rencontreront au moins deux fois dans les semaines à venir.
L’annonce de ces réunions fait suite au déclenchement de combats le plus meurtrier depuis la fin de la guerre d’Artsakh en 2020. Les forces armées azerbaïdjanaises ont lancé une attaque contre la frontière orientale de l’Arménie le 16 novembre. Les combats ont pris fin au bout de cinq heures grâce à un cessez-le-feu négocié par la Russie.
Le 19 novembre, le ministère arménien de la Défense (MoD) a signalé que six soldats avaient été tués lors des attaques frontalières du 16 novembre, selon les données disponibles. Les victimes comprenaient le lieutenant principal Taron Jivan Sahakyan (né en 1990), le sergent junior Meruzhan Artur Harutyunyan (né en 1991), Gurgen Ashot Sargsyan (né en 1990), Artur Jivan Martirosyan (né en 1998) et le soldat David Helbert Amiryan (né en 1980).
Le ministère de la Défense avait précédemment signalé qu’un soldat avait été tué. Le corps de Sahakyan a été rapatrié le 17 novembre grâce à la médiation de l’ ancien chef de la mission russe de maintien de la paix en Artsakh Rustam Muradov, qui s’est rendu à Bakou pour accompagner le transfert de son corps par avion à Erevan.
Le ministère de la Défense avait également annoncé que 24 soldats avaient disparu et 13 avaient été capturés. Cependant, lors d’une conférence de presse le 23 novembre, Pashinyan a déclaré que ces 24 soldats avaient également été faits prisonniers par l’Azerbaïdjan. Au total, 32 soldats ont été capturés, selon des informations non vérifiées.
« Bien sûr, nous travaillons intensément pour leur retour », a-t-il déclaré.
Selon le ministère azerbaïdjanais de la Défense, sept de ses soldats ont été tués et 10 blessés.
La situation le long de la frontière reste tendue. Un soldat arménien de 19 ans a été tué lundi par des tirs azerbaïdjanais, selon le ministère de la Défense d’Arménie. Les forces armées azerbaïdjanaises « ont ouvert le feu avec des armes à feu de différents calibres » sur des positions arméniennes près du village de Norabak dans la province de Gegharkunik. Le soldat Suren Yurik Safaryan est mort d’une blessure mortelle par balle. Les combats ont duré plus d’une heure.
Les ministères de la Défense d’Arménie et d’Azerbaïdjan se sont mutuellement accusés d’avoir ouvert le feu en direction de la province de Tavush en Arménie et du district de Tovuz en Azerbaïdjan dans la soirée du 18 novembre. Aucune victime n’a été signalée.
Depuis l’attaque à la frontière du 16 novembre, des vidéos ont été publiées en ligne documentant la torture physique et psychologique des prisonniers de guerre arméniens par les soldats azerbaïdjanais. Le directeur associé de la division Europe et Asie centrale de Human Rights Watch Giorgi Gogia a partagé une photo d’une de ces vidéos sur son compte Twitter.
« Abuser des prisonniers de guerre est un crime de guerre », a-t-il tweeté . « L’Azerbaïdjan devrait enquêter sur tous les abus possibles et demander des comptes aux responsables. D’autant plus que certains des soldats commettent des abus avec fierté et ne cachent même pas leur visage. L’Azerbaïdjan est également lié par l’interdiction absolue de la torture et autres traitements dégradants.
Bien que les vidéos n’aient pas encore été vérifiées de manière indépendante par Human Rights Watch, Gogia a écrit qu’elles dépeignent des violences physiques contre des prisonniers de guerre arméniens et d’autres insultes contre leur dignité.
Pashinyan et Aliyev prévoient de se rencontrer en marge du prochain sommet du Partenariat oriental à Bruxelles le 15 décembre pour discuter des « moyens de surmonter les tensions » dans la région. La réunion a été organisée par le président du Conseil européen Charles Michel, qui a eu des entretiens téléphoniques séparés avec les deux dirigeants le 19 novembre.
« Les dirigeants ont convenu de se réunir à Bruxelles pour discuter de la situation régionale et des moyens de surmonter les tensions pour un Caucase du Sud prospère et stable, que l’UE soutient », indique un communiqué de presse du Conseil européen .
Le communiqué de presse indique également que Pashinyan et Aliyev avaient convenu d’établir une ligne de communication directe entre les ministères de la Défense « pour servir de mécanisme de prévention des incidents ».
Lors de la conférence de presse de mardi, Pashinyan a déclaré que la ligne de communication avait déjà été établie. Alors que l’Azerbaïdjan mérite des critiques pour son agression contre l’Arménie, Pashinyan a déclaré qu’il « apprécie la décision du président de l’Azerbaïdjan » d’établir une ligne de communication directe entre les ministères de la Défense, qualifiant la connexion de « précieuse ».
« Notre perception, qui découle également de la situation générale, est que les contacts entre les représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan devraient être plus fréquents afin que nous puissions régler différentes situations, trouver des solutions et essayer d’éviter les crises », a-t-il déclaré.
Le Kremlin a également annoncé une rencontre entre les deux dirigeants organisée par le président russe Vladimir Poutine.
« Il est prévu d’examiner la mise en œuvre des accords des dirigeants des trois pays du 9 novembre 2020 et du 11 janvier 2021, ainsi que de définir de nouvelles mesures pour renforcer la stabilité et établir une vie pacifique dans la région. Une attention particulière sera accordée à la restauration et au développement des liens commerciaux, économiques et de transport », indique le communiqué du Kremlin .
Le sommet trilatéral aura lieu à Sotchi le 26 novembre, « programmé pour coïncider avec l’anniversaire du cessez-le-feu ». Poutine aura également des entretiens séparés avec Pashinyan et Aliyev.
Le bureau du Premier ministre rapporte qu’il a accepté une nouvelle proposition de démarcation et de délimitation de la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan du ministère de la Défense de la Russie. Selon Pashinyan, l’Arménie a accepté trois propositions concernant la démarcation et la délimitation des frontières depuis mai. Bakou n’a pas commenté publiquement une telle proposition.
« On a l’impression qu’un document sera signé [lors de la réunion trilatérale] concernant les résultats de la démarcation et de la délimitation. Une telle chose n’est pas possible », a déclaré Pashinyan lors de la conférence de presse de mardi, sa première depuis plus d’un an. « L’accord éventuel concernera la formation d’une commission par l’Arménie et l’Azerbaïdjan qui commencera les travaux de démarcation et de délimitation. Ce papier ne notera pas où passera la frontière.
Pashinyan et Aliyev devaient auparavant se rencontrer début novembre. Les médias arméniens et russes ont rapporté que l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Russie annonceraient un nouvel accord trilatéral, un an après l’annonce du cessez-le-feu le 9 novembre 2020.
Le 8 novembre, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que si « des travaux sont en cours pour préparer une telle réunion », il n’y avait « pas d’accords et d’ententes clairs » sur le calendrier de la réunion.
Pashinyan a confirmé lors de la conférence de presse de mardi qu’une réunion trilatérale en ligne avait été proposée pour le 9 novembre.
« J’ai dit directement que le 9 novembre est une date difficile et amère pour nous, mais si nous pouvons résoudre le problème des prisonniers, par exemple, je suis prêt à participer à cette conférence en ligne », a-t-il déclaré.
Lorsqu’il est devenu évident que les problèmes de fond ne pouvaient pas être résolus, la réunion a été reportée au 15 novembre, puis au 26 novembre, selon Pashinyan.
En réponse à la question de savoir pourquoi lui et Aliyev ont décidé de se rencontrer en dehors du cadre du Groupe de Minsk de l’OSCE, Pashinyan a déclaré qu’il s’attend à ce que les coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE organisent une réunion entre les dirigeants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan.
« Je ne pense pas qu’il soit juste d’avoir de grandes attentes de chaque réunion spécifique, qu’elles soient négatives ou positives. Il ne faut pas s’attendre à des résultats rapides. Il y a des tensions dans notre région, et pour surmonter ces tensions, nous devons négocier », a-t-il déclaré.
Author: Jean Eckian
Ancien journaliste reporter d’images, Jean Eckian devient Directeur Artistique des sociétés discographiques CBS et EMI Pathé-Marconi. Il a par ailleurs réalisé de nombreuses photos de pochettes de disques. Directeur de Production de films publicitaires (Europe 1, Citroën) et réalisateur de films institutionnels et de reportages (Les 90 ans du Fouquet’s, l’Intégration…), il écrit ensuite pour la presse de la Chanson et anime sur MFM les émissions "Les Histoires d’Amour de l’Histoire de France" et un éphéméride du siècle passé en chansons (Alors Raconte). Co-organisateur du disque "Pour toi Arménie" avec Charles Aznavour et Levon Sayan, Jean Eckian est aussi l’auteur du livre "Vous êtes nés le même jour que…" Il écrit aujourd‘hui pour la presse de la communauté arménienne de France et de l’étranger et a créé le Mémorial Mondial du Génocide des Arméniens sur internet.
