Dans son billet du 11 mai 2006 Yves Daoudal revient dans « National hebdo », la revue de l’extrême droite, sur la proposition du parti socialiste de pénaliser la négation du génocide arménien et déclare : « Entre la commémoration de l’esclavage à sens unique et la proposition de loi visant à mettre en prison les Français qui contesteraient le génocide arménien, on voit que la dictature de l’histoire officielle (d’une histoire non faite par les historiens mais littéralement dictée par les politiciens) est en train de s’emballer.
La journée de repentance sur l’esclavage fait suite à la loi Taubira qui était une première mondiale, et demeure la seule loi au monde définissant et condamnant l’esclavage (celui commis par des Occidentaux, qui ne fut ni le premier ni le plus important), comme crime contre l’humanité. Ce solennel nostra culpa (bien qu’on ne voie pas où est la faute des Français d’aujourd’hui) permet à ses promoteurs d’apparaître comme des redresseurs de torts du passé, tout en ignorant les crimes d’aujourd’hui. Le vacarme officiel a ainsi empêché d’entendre, par exemple, l’association mauritanienne SOS Esclaves, qui avait exprès choisi ce jour pour dénoncer l’esclavage « qui demeure une réalité importante en Mauritanie, en dépit de l’abolition de 1981 », ou les experts du BIT de Genève qui, ce même jour, ont rappelé qu’ils estiment à 12,3 millions le nombre d’esclaves actuels dans le monde, et surtout que le phénomène tend à s’aggraver… en Europe, par la prostitution et surtout l’immigration clandestine…
Dans le même temps l’Assemblée nationale se prépare à examiner une proposition de loi socialiste visant à sanctionner la négation du génocide arménien. C’est la suite de la loi française reconnaissant le génocide arménien, et une extension logique de la loi Gayssot à ce génocide. Dans son tout récent et excellent livre L’histoire assassinée, Jacques Heers, dénonçant « la comédie des repentances, crimes de guerre et génocides », fait remarquer que la France se permet de reconnaître dans ses lois deux génocides commis à l’étranger par des étrangers, mais se garde bien de reconnaître le génocide vendéen, commis par des Français en France. Et il est encore moins question, évidemment, de s’en prendre à ceux qui depuis deux siècles ont nié et nient encore ce génocide.
De nombreux historiens, y compris de gauche, s’élèvent contre cette nouvelle atteinte à ce qui est le fondement même de leur métier, et de toute histoire digne de ce nom. Mais de nombreux historiens s’étaient également élevés, en vain, contre la loi Gayssot, proposée, ce n’était pas un hasard, par un stalinien. Si la loi dit l’histoire, le principe même de la recherche historique est détruit. A la fin de son livre, Jacques Heers montre comment, de fait, la recherche historique n’a plus droit de cité dans l’université française. Ce chapitre est intitulé « L’histoire à la botte – L’Etat totalitaire ».
Dans le même temps, il y a la polémique autour de la déprogrammation, par le directeur de la Comédie Française, d’une pièce de Peter Handke. Non pas pour ce qui est écrit dans cette pièce, mais uniquement parce que le dramaturge autrichien était aux obsèques de Milosevic et ose dire que le président serbe n’était pas le seul responsable de la tragédie yougoslave. Il s’agit clairement d’une censure pour délit d’opinion, et frappant un écrivain non pour ce qu’il écrit, mais pour ce qu’il dit ou fait en tant qu’individu.
C’est un événement d’une exceptionnelle gravité, et l’on devrait voir se lever comme un seul homme tous les vaillants défenseurs des droits de l’homme et de la liberté d’expression. Or il ne se passe rien, en dehors d’une polémique feutrée entre intellectuels.
Pour quelle raison? Tout simplement parce que l’opinion de Peter Handke sur la Serbie n’est pas une opinion, c’est un délit de négationnisme. Nous y revoilà. La Comédie Française est en avance d’une loi, ou plutôt de deux lois: celle qui reconnaîtra les crimes contre l’humanité commis par Milosevic, et celle qui sanctionnera la contestation de ces crimes… »
18 mai : L’extrême droite française parle de « dictature de la pensée »
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