2016 : le meilleur pour la France et pour l’Arménie

Se Propager
arton33170

2015 est donc terminé. On serait tenté de dire enfin, même si cette année marquée par les cent ans du génocide aura sans nul doute permis au combat pour sa reconnaissance de réaliser d’importantes avancées, notamment au niveau des opinions publiques internationales. Incontestablement, avec ce triste anniversaire, la tragédie de 1915 est sortie de l’ombre. En France en particulier, avec sa prise en charge par la République.

De François Hollande à Erevan le 24 avril aux côtés du gouvernement de l’Arménie, jusqu’à Manuel Valls ou Anne Hidalgo aux côtés du CCAF dans la capitale, ce sont les plus hautes autorités du pays qui ont rendu hommage aux victimes. On est loin de l’époque où les représentants de l’État pratiquaient sur le génocide arménien la politique de l’autruche, pour complaire à Ankara. De ce point de vue au moins, un pas énorme a été franchi.

Par ailleurs, la déclaration du Pape, celle du président allemand Joachim Gauck, qui a évoqué la responsabilité de sa nation, alliée de la Turquie, les diverses reconnaissances du génocide en Amérique latine ou sur le continent européen, auxquelles il faut ajouter les dizaines de pays représentés à la commémoration en Arménie, ont conféré à cet événement une dimension internationale digne de sa place majeure dans la terrifiante histoire des crimes de masse commis durant le siècle dernier. Ce qui n’est pas politiquement indifférent, après des décennies de complot du silence.

N’était l’épisode de la CEDH, marqué par l’impression de tolérance au négationnisme qu’a donné un arrêt délétère prononcé au nom de la sacro-sainte défense de la liberté d’expression, 2015 a apporté à la cause arménienne ce qu’elle était raisonnablement en situation d’espérer, compte tenu des rapports de forces et du niveau des normes internationales en matière de droits de l’homme. Et il n’est pas jusqu’en Turquie où les choses ont encore évolué, notamment dans le traitement médiatique, sur le plus grand tabou du pays.

Même si le bilan de 2015 apparait donc comme «globalement positif», la fin de cette année symbole ne laissera cependant pas de regrets. Et ce, dans la mesure où elle devrait nous permettre de sortir enfin de ce «tout commémoratif», qui pour être incontournable en pareille circonstance n’en demeure pas moins, à la longue, quelque peu étouffant.

La lutte pour la reconnaissance du génocide représente bien sûr toujours une priorité pour le monde arménien, en terme de justice, de réparation morale, mais aussi d’incidence sécuritaire pour l’Arménie. Car on le sait, le négationnisme d’Etat de la Turquie procède d’une propension à la récidive. Mais, sauf à devenir un redoutable facteur d’aliénation, ce combat ne saurait se substituer aux autres défis auxquels sont confrontés les Arméniens.

À leur nombre figurent la question du Haut Karabagh, celle du développement économique de l’Arménie, celle des réparations matérielles du génocide et le challenge de la démocratie qui s’inscrit dans la suite d’un mouvement séculaire pour l’émancipation. Autant de problématiques qui se situent dans une même logique de vie, notamment face au totalitarisme qui, dans sa version pan-turque, a entrainé les dommages irréversibles que l’on sait, et dont les générations survivantes subissent toujours les conséquences.

Puisse 2016 apporter la meilleure réponse qui soit au génocide: celle d’un peuple vivant et soudé autour d’une Arménie forte, enfin libérée de toutes les hypothèques qui continuent à peser sur son destin. Un immense défi qui n’a pas seulement trait à la menace extérieure, mais qui nous renvoie aussi, essentiellement peut-être, à nous-mêmes, à notre volonté collective et à notre capacité à lui donner démocratiquement corps, partout où nous existons encore.

Puisse également cette nouvelle année apporter la sécurité intérieure à une France frappée de plein fouet par la folie djihadiste et lui donner les moyens de défendre ses valeurs, celles de la République, que nous partageons naturellement. Cette cause nous concerne au premier chef, non seulement parce que nous sommes français à part entière et fiers de l’être, mais aussi parce que les épreuves actuelles du pays trouvent forcément dans l’ADN arménien une résonance particulière, le combat contre la barbarie ne se divisant pas.

Ara Toranian

raffi
Author: raffi

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut