La mise en détention du deuxième Président de l’Arménie, Robert Kocharian, domine la presse arménienne.
Le deuxième Président de l’Arménie, Robert Kocharian a été placé en détention préventive pour deux mois/ Tous les medias reviennent sur la procédure pénale lancée contre le deuxième Président de l’Arménie, Robert Kocharian dans le cadre de l’enquête sur les évènements du 1er mars 2008 (manifestations post-électorales ayant provoqué dix morts et deux cents blessés). Le mouvement était dirigé par le premier Président de l’Arménie, Levon Ter-Petrossian, qui avait perdu les élections en obtenant 21.5% de votes. Levon Ter-Petrossian contestait ces résultats et s’était déclaré Président élu. En 2008 le Premier ministre actuel, Nikol Pachinian, était membre du quartier général de campagne de Levon Ter-Petrossian et l’un des participants actifs du mouvement. Pour ses actions, Nikol Pachinian avait été recherché et s’est rendu aux autorités à l’été 2009. Le 19 janvier 2010, Nikol Pachinian avait été condamné à sept ans de prison pour avoir organisé des émeutes. Cependant, en mai 2011, il a été libéré dans le cadre d’une amnistie. Le 26 juillet 2018 Robert Kocharian a été accusé sur la base de l’article 300.1 du Code Pénal de « renversement de l’ordre constitutionnel par consentement préalable avec des tiers ». (cf. revue du 27 juillet 2018). Le tribunal de première instance a accédé à la demande du Service spécial d’enquête sur la mise en détention de deux mois à titre préventif contre le deuxième Président de l’Arménie. Rappelons que Robert Kocharian nie toute accusation et voit dans l’enquête une démarche politique. Selon le deuxième Président il s’agirait d’une vendetta en vue de l’empêcher de revenir sur la scène politique arménienne (cf. revue du 27 juillet 2018). Les medias rappellent que Robert Kocharian bénéficie d’une immunité car, selon la Constitution arménienne, pendant et après la fin de son mandat, le Président ne peut pas être poursuivi nitenu responsable des actions effectuées durant son mandat. Le quotidien Haykakan Jamanak n’exclut pas que d’autres enquêtes seraient bientôt lancées contre Robert Kocharian notamment sur ses possessions luxueuses. Le quotidien rappelle que, selon les rumeurs, Robert Kocharian serait propriétaire des mines de diamants en Tanzanie et de nombreuses entreprises en Arménie et à l’étranger. Le quotidien Jamanak espère qu’à la lumière de l’arrestation de Robert Kocharian, l’enquête la fusillade au Parlement arménien le 27 octobre 1999 (menée par un groupe d’hommes armés, tuant le Premier ministre d’Arménie Vazgen Sargsian, le Président de l’Assemblée nationale Karen Demirtchian et six autres personnalités politiques) connaîtrait une avancée. Selon Jamanak, Robert Kocharian serait partie prenante de l’attaque et l’enquête pourrait prouver que Robert Kocharian « est venu au pouvoir par le biais de terrorisme ».
Le Secrétaire général de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) Yuri Khachatourov relâché contre une caution d’un montant de cinq millions de Drams / Le quotidien Haykakan Jamanak indique que le Secrétaire général de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) Yuri Khachatourov qui en 2008 occupait le poste de chef de la garnison d’Erevan, avait également était accusée sur la base de l’article 300.1 du Code Pénal de « renversement de l’ordre constitutionnel par consentement préalable avec des tiers ». (cf. revue du 27 juillet 2018), mais a été relâché contre une caution d’un montant de cinq millions de Drams.
Les réactions des forces politiques sur l’arrestation du deuxième Président de l’Arménie, Robert Kocharian/ Les medias reviennent sur les réactions des forces politiques sur l’arrestation de Robert Kocharian. Le groupe du parti Républicain a qualifié l’affaire pénale de « problématique du point de vue de la légalité ». Selon les Républicains, le processus n’a rien à voir avec la démocratie, la primauté du droit et l’indépendance du pouvoir judiciaire. Les Républicains avancent que l’affaire nuirait profondément aux développements politiques nationaux de la République d’Arménie. D’après eux, le processus pourrait conduire non seulement à des violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales, mais aussi impacter négativement la réputation de l’Arménie. « Le groupe Républicain va soulever cette question et les développements autour de l’affaire à travers les canaux diplomatiques parlementaires» ont conclu les Républicains. En commentant la situation créée autour de l’enquête sur le 1er mars 2008 Vazgen Manukian président du parti de l’Union nationale démocratique, ancien Premier ministre d’Arménie et président du Conseil public a exprimé son désaccord avec les accusations qui ont été portées contre Robert Kocharian et Youri Khachaturov en les qualifiant de sans fondement et de dangereuses. Selon Vazgen Manukian l’affaire est « un coup porté à la sécurité de notre Etat ». En rappelant que son parti et lui-même étaient dans l’opposition pendant les 10 années de la présidence de Robert Kocharyan et s’entaient opposés à de nombreuses mesure du gouvernement, Vazgen Manukian a indiqué que selon lui, les accusations contre Robert Kocharian et Youri Khachaturov sont sans fondement et portent contre les personnes « qui ont eu des rôles inestimables dans la plus grande victoire militaire des derniers siècles de notre peuple ». « L’Arménie est devenue un théâtre d’acteurs, les contrepoids – les partis d’opposition, les ONG et la presse – ne fonctionnent pratiquement pas. Il semble que tout le monde a peur et attend. Ce chemin nous conduira à l’année 1937 [Grande Purge Soviétique], à la guerre et à l’isolement sur la scène internationale» a conclu Vazgen Manukian. Le « Parlement Fondateur » de Jirayr Sefilian et le groupe « Sasna Tsrer/ Enragés de Sassoun » se félicitent de l’arrestation du deuxième président et des accusations portées contre lui dans le cadre de l’affaire du 1er mars 2008, en les qualifiant de « la plus grande réussite de la révolution ». Les groupes ont exprimé leur espoir que le processus entamé conduirait à la reprise de l’enquête autour de l’attentat du 27 octobre 1999 au Parlement arménien et « d’autres crimes dirigés contre l’Etat arménien qui ont commencé avant Robert Kocharian, aggravé sous son règne et sous la domination de son successeur, Serge Sarkissian ». Le parti « Héritage » a déclaré que le processus en cours « montre une fois de plus que la volonté du peuple est mise en avant et que tout empiétement sur ce dernier est puni par la loi tôt ou tard ». Les Dachnak ont salué les processus en cours pour établir l’état de droit et éliminer l’atmosphère d’impunité, tout en soulignant que le processus doit se dérouler dans le cadre juridique, conformément à la loi. Pourtant les Dachank ont exprimé leur préoccupation au sujet de l’inculpation du deuxième Président de l’Arménie et d’autres officiels de l’époque au sujet des événements du 1er mars 2008. Selon ce parti, ces accusations pourraient être interprétées comme une forme de répression politique. Le quotidien Jamanak qualifie cette déclaration de « soutien » à Robert Kocharian et avance qu’elle est « inacceptable », dans la mesure où les Dachnak sont en coalition avec les nouvelles autorités.
Commentaires du bureau de Robert Kotcharian/ Le chef du bureau de Robert Kotcharian, Victor Soghomonian, a qualifié les accusations contre le deuxième Président de fabriquées, de vendetta, de persécution politique et personnelle et d’anarchie légale. Selon V.oghomonian, la situation actuelle ressemblerait à l’année 1937 [Grande Purge Soviétique] et les méthodes du corps d’enquête ne serait pas différentes des méthodes de l’époque de Beria. Soghomonian a assuré que R. Kocharian sera libéré et justifié dans un très proche avenir. Selon Soghomonian R. Kocharian aurait encore son mot à dire dans la vie politique de l’Arménie. En commentant l’implication de l’armée dans les évènements du 1er mars, V. Soghomonian a indiqué qu’il n’aurait pas eu de telle implication. D’après V. Soghomonian c’était l’opposition qui voulait impliquer l’armée en appelant les deux vice-ministres de l’époque, Gagik Melkonian et Manvel Grigorian, dirigeants de l’organisation paramilitaire Yerkrapah[1], à se joindre au mouvement, tandis que le deuxième Président tentait d’empêcher ce processus. Selon V. Soghomonian, l’enquête viserait à neutraliser R. Kocharian. Rappelons que cette idée avait été exprimée par R. Kocharian lui-même lors de son interview à la chaine Yerkir media donné peu après l’interrogatoire (cf. revue du 27 juillet 2018). Selon l’avocat de R. Kocharyan, Ruben Sahakian l’accusation portée contre son client serait extrêmement « illettrée/ analphabète » d’un point de vue juridique. R. Sahakian a assuré que dans un proche avenir toutes les accusations contre R. Kocharyan seront levées en raison de l’absence de corpus delicti. L’avocat a fait part de ses doutes sur l’équité des processus en cours.
Hayk Maroutian (Kargin Hayko) candidat au poste du Maire d’Erevan du parti « Contrat civil » /Les medias indiquent que le parti « Contrat civil » du Premier ministre Nikol Pachinian a nommé son candidat au poste de Maire d’Erevan pour les prochaines élections municipales anticipées. Il s’agit du célèbre artiste de la télévision et activiste Hayk Maroutian (Kargin Hayko) mieux connu pour son rôle dans la comédie télévisée « Kargin Haghordum ». Les medias rappelles que Le nom de l’acteur Hayk Maroutian (Kargin Hayko) circulait comme candidat possible pour le poste du Maire dès le fin juin quand les rumeurs sur la futur démission de Taron Margarian venaient d’apparaitre (cf. revue du 23 au 25 juin 2018). M. Maroutian avait rejoint le mouvement dès le début des manifestations à Erevan et avait adhéré au parti « Contrat civil » fin juin. Engagé dans l’activisme social et politique depuis de nombreuses années, Hayk Maroutian a joué dans de nombreuses séries télévisées et sitcoms, ainsi que des longs métrages. Il est également scénariste et producteur.
Rencontre entre le Conseiller du Président français, Jean-Marc Berthon avec le vice-ministre des Affaires étrangères de l’Arménie, Karen Nazarian/ Le quotidien Hayastani Hanrapetoutioun indique que le 27 juillet, le vice-ministre des Affaires étrangères de l’Arménie, Karen Nazarian, a reçu le Conseiller du Président français, Jean-Marc Berthon et l’ambassadeur de France en Arménie, Jonathan Lacôte. Selon le quotidien les parties ont abordé la récente rencontre à Bruxelles entre le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le Président français Emmanuel Macron, les préparatifs du prochain Sommet de la Francophonie à Erevan, ainsi que les questions relatives à la visite d’état du Président Emmanuel Macron. Durant la rencontre, le dialogue bilatéral dans les domaines politiques et économiques a été souligné. Les parties ont également discuté des programmes de coopération franco-arménienne dans les domaines éducatif, scientifique et culturel.
Le Président italien Sergio Mattarella en visite d’Etat visite en Arménie / Les medias indqiuent que le 30 juillet le Président italien Sergio Mattarella effectue une visite d’Etat de deux jours à l’invitation du président arménien Armen Sarkissian. Le Ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Enzo Moavero Milanesi est également parmi la délégation du Président italien. La presse indique que dans le cadre de cette visite aura lieu la cérémonie d’ouverture du centre de protection du patrimoine culturel arménien-italien.
[1] L’union Yerkrapah est une association des combattants ayant participé à la guerre du Haut Karabakh créée en 1993 par Vazgen Sarkissian. Cette union comprendrait entre 5000-6000 personnes. De facto ce serait une structure para-militaire. Le Président de l’Union était Manvel Grigorian (le député qui avait détourné les biens militaires, qui a cessé d’en être le Président après les découvertes de détournement cf. revues du 16-18 juin et du 19 juin). C’est une force active dans la vie politique intérieure de l’Arménie et ils soutenaient l’ancien régime : Levon Ter-Petrossian, Robert Kocharian et Serge Sarkissian.
Yerkrapah signifie « celui qui garde la terre ». Parmi les fêtes officielles d’Arménie le 8 mai est jour dédié aux Yerkrapahs.
Rédaction : Lena Gyulkhasyan
Attachée de presse et de communication
Ambassade de France en Arménie
