À 47 ans, le fils du chanteur a signé une tribune en hommage à son père dans une édition spéciale du magazine Paris Match. Il y évoque sa tristesse immense, le manque d’un être cher, sa difficulté à pleurer, mais aussi la surmédiatisation de la disparition de son père.
Après 70 ans de carrière, plus de 1000 chansons et des millions de fans à travers le monde, Charles Aznavour s’est éteint le 1er octobre à l’âge de 94 ans. Depuis l’annonce de sa disparition, les hommages se sont accumulés dans les médias. La grande famille du défunt, qui a eu trois femmes, six enfants et de nombreux petits-enfants, était jusqu’ici restée silencieuse.
Mischa Aznavour, fils de Charles et d’Ulla Thorsell, a décidé de prendre la parole dans une tribune en hommage à son père jeudi dans une édition spéciale du magazine Paris Match. À 47 ans, le fils du chanteur est bouleversé. «Tout semble irréel. Me voilà semi-orphelin, écrit-il. C’est étrange comme ce que l’on ne cesse de redouter prend soudain une saveur âpre lorsque cette crainte vous frappe en plein cœur.» Charles Aznavour est mort de cause «naturelle» dans le sud de la France, d’après l’autopsie réalisée mardi.
Dans ce texte, Mischa prouve ses qualités d’auteur, après avoir écrit Petit cœur malade en 2010. Il arrive à mettre des mots sur ses sentiments, qui sont pourtant confus. Il avoue ne pas réussir à pleurer et ne pense qu’à ce «vide abstrait». «Les larmes restent prisonnières, quelque part, dans le flot tiède de mes veines, dans le dédale de mon esprit. Je ne réalise pas. La maison est toujours là, dressée au milieu des oliviers, explique-t-il. Tout est pareil et différent. Peut-être que, si je pleurais, tu disparaîtrais à jamais… Garder ma peine, ce flot de larmes, peut-être est-ce une manière de te garder encore un peu près de moi?» Il évoque les nombreuses lettres d’amour il a écrit à son père, alors il «n’a pas de regrets»: «Certains passent à côté de ceux qu’ils aiment en se demandant s’ils se sont bien compris. Moi, je t’ai compris.»
L’orphelin de père se dit surpris par la surmédiatisation autour du décès de son père, un monument de la chanson française. La France lui rendra un hommage national vendredi matin aux Invalides, en présence de ses proches, de personnalités mais aussi du président de la République. «Sur les ondes, ta voix passe en boucle. Des gens parlent de toi, de ce que tu as été, de ce que tu as réalisé. J’entends des pleurs, de la tristesse. Et moi, au milieu de ces maux, je suis comme un étranger, raconte Mischa Aznavour. Des inconnus connus te décortiquent. Des centaines de mots de soutien envahissent ma messagerie. Je suis dans un état lunaire.»
L’acteur ne semble pas prêt à faire son deuil, mais il comprend que son père continuera de vivre à travers son héritage musical: «Je ne saurais te dire adieu, mon père, adieu mon ange, mon amour. (…)Tout en moi n’est qu’amour de toi. Et l’amour ne meurt jamais.»