Les Etats-Unis espèrent que le premier ministre arménien Nikol Pachinian prendra des “mesures décisives”en vue de contribuer au règlement du conflit du Haut-Karabagh après sa très probable victoire aux élections législatives à venir en Arménie, a déclaré le conseiller à la sécurité nationale du président américain Donald Trump, de passage jeudi 25 octobre 2018 à Erevan dans le cadre d’une tournée régionale qui l’avait conduit la veille à Bakou. John Bolton a aussi fait savoir que Washington était disposé à vendre des armes à Erevan en vue de réduire “l’influence excessive” de la Russie dans le Sud Caucase. Dans un entretien exclusif accordé au service arménien de RFE/RL à l’issue de sa rencontre avec N.Pachinian, il a précisé qu’il avait évoqué un “très large éventail de sujets”, outre la question du conflit du Karabagh, qui était inscrite en priorité à l’ordre du jour de ces discussions, qui devaient par ailleurs préparer la rencontre annoncée entre D. Trump et N. Pachinian. “Nous voulions montrer quelle aide nous pourrions apporter, y compris en qualité de coprésident du Groupe de Minsk de l’OSCE, et voir sui nous pourrions contribuer à faciliter une solution entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan qui serait acceptable pour chacune des parties”, a indiqué J. Bolton en ajoutant : “Et nous avons reconnu les difficultés évidentes à ce stade. Mais nous avons senti que le premier ministre était en excellente position ici en Arménie et qu’il saura montrer son leadership après les élections sur cette question”. Sans interférer dans les affaires intérieures de l’Arménie, le diplomate américain s’est donc déjà fait son opinion sur l’issue du scrutin et en a déjà désigné N. Pachinian comme le vainqueur. J.Bolton est revenu sur ce point d’ailleurs lors d’une conférence de presse séparée à l’ambassade des Etats-Unis à Erevan où il a signalé que N. Pachinian remporterait sans doute largement les élections législatives anticipées de décembre. “Si les prévisions se réalisent, il est un fait qu’il disposera d’un mandat très puissant, et ce sera le moment le plus opportun pour prendre des mesures fortes dans un certain nombre de domaines. Et si, comme je l’ai constaté et appris lors des discussions d’aujourd’hui,… le règlement du conflit du Haut-Karabagh est la question prioritaire sur l’agenda politique arménien, il n’y a pas meilleur moment pour tenter et mener une action décisive qu’après cette élection”, a répété le premier conseiller de D.Trump. Un communiqué du gouvernement arménien sur la rencontre entre MM.Pachinian et Bolton indiquait que les deux responsables avaient souligné l’importance d’efforts “conséquents” en vue de trouver une solution pacifique au conflit du Karabagh. Ils avaient aussi convenu de la nécessité de créer “une atmosphère propice au processus de négociations”, ajoutait le communiqué sans donner plus de détails. Le conflit du Karabagh avait été aussi à l’ordre du jour des discussions qu’avait eues la veille J. Bolton avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev à Bakou. S’il n’est pas allé jusqu’à vanter les mérites de la démocratie azérie, le responsable américain a néanmoins souligné l’importance de la relation stratégique liant Bakou à Washington et a souligné que les Etats-Unis continueront à soutenir un règlement pacifique du conflit du Karabagh. Dans son entretien accordé à RFE/RL, J. Bolton avait souligné que la paix au Karabagh serait très bénéfique pour l’économie fragile de l’Arménie et ouvrirait ses frontières avec l’Azerbaïdjan et la Turquie. C’est aussi “la voie la plus sure pour réduire les influences extérieures excessives pesant sur l’Arménie”, avait-il ajouté, dan une évidente allusion à la Russie, exprimant ainsi la volonté d’enfoncer un coin entre Moscou et les anciennes Républiques soviétiques qui restent dans sa zone d’influence. C’est dans ce contexte que J.Bolton, qui avait rencontré quelques jours avant le président Poutine à Moscou, a évoqué l’éventualité de ventes d’armes américaines à l’Arménie, pour faire contrepoids au monopole russe sur l’arsenal arménien. Il a même laissé entendre que les limitations imposées aux ventes d’armes américaines tant à Erevan qu’à Bakou par le Congrès américain en raison du conflit du Karabagh, pourraient être contournées. S’il s’agit de livrer des armes à l’Arménie, les armes américaines sont meilleures que les russes, aurait déclaré J.Bolton lors de sa rencontre avec N.Pachinian. Pourtant, la question des relations entre l’Arménie et l’Iran a terni quelque peu le tableau des relations arméni-américaines. A l’heure où Washington durcit ses sanctions contre Téhéran, la volonté de renforcer la coopération bilatérale affichée par l’Iran et par l’Arménie n’est pas du goût des Etats-Unis, et J.Bolton n’a pas manqué de souligner que la frontière entre l’Arménie et l’Iran restait problématique pour Washington…
