Le Premier ministre Nikol Pachinian a présidé une réunion spéciale de son cabinet à Gumri vendredi, à l’occasion du 30e anniversaire du tremblement de terre catastrophique qui a tué plus de 25 000 personnes et laissé des centaines de milliers d’autres sans abri.
M. Pachinian a également dirigé une cérémonie de commémoration officielle dans la deuxième ville d’Arménie, déposant une gerbe de fleurs sur un monument commémoratif local dédié aux victimes du séisme.
« Les dégâts les plus importants causés par la catastrophe sont probablement les ravages causés à l’âme des gens », a t-il déclaré lors de cette cérémonie solennelle. Le récent changement de régime dans le pays et les réformes promises par son gouvernement devraient aider à « restaurer les espoirs, la confiance et l’optimisme du peuple », a-t-il ajouté.
Le matin du 7 décembre 1988, un séisme de magnitude 6,8 sur l’échelle de Richter a frappé le nord-ouest de ce qui était alors une République soviétique de 3,5 millions d’habitants. Son épicentre était situé près de Spitak. Gumri a également été durement touché.
Le grand nombre de morts a été largement imputé à la mauvaise qualité des constructions exposées à la catastrophe. Il s’est avéré que de nombreux immeubles et maisons dans ce que beaucoup d’Arméniens appellent encore la « zone sinistrée » ont été construits en violation des normes de sécurité parasismique.
L’aide internationale a afflué en Arménie soviétique immédiatement après le séisme. Le gouvernement soviétique a également autorisé les équipes de secours occidentales et d’autres secouristes à pénétrer dans la zone du tremblement de terre. Le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev a interrompu une visite à New York pour visiter villes et villages dévastés.
Moscou a lancé un vaste programme de reconstruction de logements dans la région au cours des mois qui ont suivi. Les efforts de reconstruction se sont toutefois enlisés avec l’effondrement de l’Union soviétique, suivi d’un déclin marqué de l’économie arménienne. Des dizaines de milliers de familles ont continué à se regrouper dans des cabanes en métal ou en bois, communément appelées «domiks», dépourvues de commodités de base.
La prolongation de la reconstruction de la région économiquement défavorisée a été l’objet principal de la réunion du cabinet de vendredi dernier consacrée à la commémoration du séisme. Avetik Eloyan, président du Comité de développement urbain du gouvernement, a affirmé aux ministres que plus de 4 800 familles ayant perdu leur maison en 1988 avaient eu de nouvelles maisons ou de nouveaux appartements de l’État entre 2008 et 2017.
Eloyan a déclaré que près de 500 autres familles à Gumri et dans d’autres communautés touchées restaient sur la liste d’attente des personnes éligibles pour un logement gratuit. Le gouvernement s’est engagé à leur fournir de nouvelles maisons d’ici la fin de 2020, pour un coût total d’environ 3,5 milliards de drams (7,2 millions de dollars).
Le fonctionnaire a toutefois averti que le chiffre devait être réévalué. «Il y a des gens qui sont vraiment sans abri mais il y a aussi ceux qui ont reçu un appartement mais qui ont gardé leur domik», a-t-il expliqué. « Donc, il y a beaucoup de questions qui doivent être vérifiées. »
Le maire de Gumri, Samvel Balasanian, qui a également assisté à la réunion du gouvernement, a expliqué à cet égard qu’il y a actuellement 2 856 «domiks» dans la ville et qu’un grand nombre de leurs résidents ont émigré après le séisme. Et 456 de ces abris supposés temporaires sont maintenant vides, a ajouté Balasanian.
Pachinian a répondu en demandant au gouvernement de former un groupe de travail qui se penchera sur la situation du logement et lui soumettra un rapport détaillé dans un délai de deux mois.
« Nous savons que les conséquences du tremblement de terre de décembre 1988 n’ont toujours pas été éliminées, mais nous ne connaissons pas l’ampleur du travail nécessaire pour [mener à bien la reconstruction] », a noté le Premier ministre. « Par conséquent, le groupe de travail devrait essayer de trouver la réponse à cette question dès que possible. »
