Nikol Pashinyan: « La pauvreté est dans nos esprits. »
Le parlement arménien a adopté un plan quinquennal proposé par le gouvernement pour relancer l’économie arménienne, le problème le plus urgent du pays. Mais le projet a fait l’objet de nombreuses critiques et a été adopté sans le soutien des deux partis d’opposition au Parlement.
« La révolution économique a commencé », a déclaré le Premier ministre Nikol Pashinyan, en présentant le programme au Parlement le 12 février. « J’annonce le début de la révolution économique nationale en République d’Arménie. Le peuple arménien a gagné dans la lutte contre la corruption, l’impunité et la gestion de clans, et le peuple arménien l’emportera dans la lutte contre la pauvreté et le chômage. »
Le plan gouvernemental de 62 pages promet une «réduction significative» de la grande pauvreté en Arménie et une «réduction significative du chômage d’ici 2023». Les très petites entreprises seraient exemptées d’impôts; les salaires du secteur public seraient augmentés. Le plan prévoyait quelques objectifs spécifiques : le PIB augmenterait de 5% par an, les exportations dépasseraient 40% du PIB d’ici 2024 et l’énergie solaire représenterait 10% de la consommation totale du pays d’ici 2022.
Cependant, nombreux sont ceux qui ont critiqué le plan pour sa générosité avec les mots, mais sa minutie pour les détails.
« Pour moi, ce [plan] est une conversation entre le Premier ministre et les citoyens, ou son message au gouvernement, mais pas un programme mesurable auquel le gouvernement peut être tenu pour responsable », a déclaré Mane Tandilyan, député d’Arménie brillante, lors d’une session parlementaire le 14 février.
D’autres ont critiqué le plan pour son manque d’ambition. « Ce plan n’est pas révolutionnaire », a déclaré à la presse Gagik Tsarukyan, président du parti Arménie Prospère. « Si cela ne change pas, nous ne pouvons pas voter pour. » Il a toutefois admis que: « Je ne nie pas qu’il existe deux ou trois dispositions qui créeront des changements positifs dans la vie des gens. »
Les députés de l’alliance au pouvoir «Mon Pas» ont défendu le manque de précision et de modestie. Babken Tunyan, président de la commission des affaires économiques du parlement, a déclaré que le gouvernement aurait pu choisir un objectif plus élevé que la croissance de 5% de son PIB. « D’autre part, il est préférable de cibler moins, mais de faire plus », a-t-il déclaré .
Et Nikol Pashinyan a déclaré que les chiffres dépendraient du peuple arménien lui-même. « Les paramètres numériques de la révolution économique dépendent en réalité du nombre de citoyens arméniens qui répondront à notre appel à devenir un activiste de la révolution économique et du nombre de ceux qui décideront de tirer parti des opportunités offertes par la même plate-forme révolutionnaire », a-t-il déclaré lors de la présentation du programme au parlement.
L’accent mis par Nikol Pashinyan sur la responsabilité des populations en matière de redressement de l’économie, incluant une déclaration selon laquelle «la pauvreté est dans les esprits», a soulevé quelques problèmes.
Edmon Marukyan, président d’Arménie lumineuse, a déclaré que c’était un moyen de se soustraire à ses responsabilités. « Dans les années 90, quand j’étais enfant, le seul responsable de notre pauvreté était Levon Ter-Petrosyan (le premier président du pays post-soviétique) », a déclaré Edmon Marukyan lors d’une session du 14 février. «Ensuite, lorsque nous avons vécu à nouveau dans la pauvreté, c’était Robert Kocharyan [deuxième président]. En 2018, bien sûr, c’était Serge Sarkissian. Et maintenant, une révolution se produit et le leader déclare que la pauvreté est dans l’esprit des gens. Enlevez-le de votre esprit et l’économie se développera. Génial, mais on ne voit pas pourquoi les trois dirigeants précédents étaient responsables de notre pauvreté, si le quatrième ne l’était pas. »
Le 14 février, le plan a été adopté avec un vote de 82-37. Bien que le vote individuel des députés n’ait pas été révélé, les chiffres suggèrent que tous ou presque tous les députés de Mon Pas ont voté pour le plan, contrairement aux partis de l’opposition.
Ani Mejlumyan est une journaliste basée à Erevan.
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