Le procès en appel du négationniste contre Ara Toranian et Sam Tilbian aura lieu le 21 février à 13 h 30 devant le pôle 2 chambre 7 de la cour d’appel, bd du Palais.
Les procès, Maxime Gauin en est visiblement friand. Même s’il les perd, comme cela a été le cas avec celui qui a été jugé le 18 octobre dernier. La 17e chambre correctionnelle du tribunal d’instance de Paris avait en effet débouté le négationniste du génocide arménien de sa plainte en diffamation contre Ara Toranian et Sam Tilbian. Mais il en faut sans doute un peu plus pour décourager cet employé de l’Avim (un think tank turc proche du ministère turc des Affaires étrangères) qui propage l’idée qu’il n’y a pas de génocide des Arméniens. Son procès en appel sera jugé le 21 février. Et elle le mettra de nouveau aux prises avec le directeur de publication de Nouvelle d’Arménie, poursuivi en tant qu’auteur et en tant qu’éditeur, ainsi que Sam Tilbian.
Injure non constituée
Le plaignant mettait en cause trois séries de propos publiés en 2013 et 2014 sur armenews.com, où il était comparé à Robert Faurisson par Toranian, et qualifié dans le forum du site de « négationniste patenté » et de « véritable tâcheron au service du fascisme turc » par Tilbian. Le tribunal avait finalement estimé dans sa décision que « M. Toranian disposait d’une base factuelle suffisante pour s’exprimer comme il l’a fait ». Et qu’il n’a pas manqué de prudence en qualifiant Gauin de « négationniste », « ce terme appliqué au sens premier et strict à la négation du génocide des juifs durant la Seconde Guerre mondiale, étant devenu au fil d’une évolution du langage le terme courant pour désigner également la négation du génocide arménien en un sens « populaire » peut-être, mais très largement utilisé, figurant déjà en 1998 dans le rapport parlementaire employé par les historiens, les politiques, les intellectuels ». […] « Quoi de pire pour un historien que d’être comparé à des faussaires comme Robert Faurisson ? », s’était exclamé Gauin durant l’audience. Le tribunal a cependant prononcé la relaxe au bénéfice d’Ara Toranian, estimant que l’injure n’était pas constituée.
Engagement lobbyiste de Gauin
Un jugement de même nature a été rendu pour Sam Tilbian qui dans un message posté sur le forum d’Armenews avait qualifié Gauin de « véritable tâcheron au service du fascisme turc ». Le Tribunal a estimé que ces propos ne justifiaient pas une condamnation, du fait de la « bonne foi » de leur auteur. Il lui est en effet reconnu d’avoir « poursuivi un but légitime, étranger à toute animosité personnelle, et qu’il s’est conformé à un certain nombre d’exigences, en particulier de sérieux de l’enquête ainsi que de prudence dans l’expression ». Des critères d’autant plus remplis que les propos incriminés s’inscrivaient « dans un débat d’intérêt général relatif à la qualification de génocide des faits subis par les Arméniens de l’Empire Ottoman en 1915 ». Là encore le tribunal a reconnu la solidité de la base factuelle sur laquelle se sont appuyés Sam Tilbian et Ara Toranian : « l’engagement de lobbyiste de la Turquie de M. Gauin (ses publications sur turquie-news.com, sa participation au think tank Avim, sa présidence de l’association Confluence-Turquie […] sa mise entre guillemets de « génocide arménien », son approche « hypercritique de documents analysés sans référence à la globalité du processus historique »), les multiples articles de M. Gauin versés par la défense (ses pièces N° 9 à 23) contestant le génocide arménien », etc.
Si rien dans la donne factuelle de ce procès n’a changé, Gauin nourrit tout de même l’espoir de renverser la tendance. Car depuis ce jugement, la « terreur des réseaux sociaux », qui tout en niant le génocide menaçait de procès quiconque le taxait de négationniste, a perdu de sa superbe. Et peut-être aussi de son intérêt pour ceux qui l’emploient… L’audience sera ouverte au public. n
Fanny Hagopian