L’Arménie continuerait de s’opposer à la nomination d’un nouveau secrétaire général de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) nommé par le Biélorussie.
Le précédent chef arménien de l’OTSC, Yuri Khachaturov, a été limogé en novembre après avoir été accusé par les autorités arméniennes dans le cadre de l’enquête sur les manifestations meurtrières de 2008 à Erevan. Le mandat de trois ans de Khachaturov devait prendre fin en 2020.
Le gouvernement du Premier ministre Nikol Pachinian a demandé qu’un autre responsable arménien soit nommé pour diriger l’organisation jusqu’à cette date. La demande a été rejetée par d’autres États membres de l’OTSC, notamment la Biélorussie.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a désigné l’un de ses plus hauts responsables de la sécurité, Stanislav Zas, au poste vacant. La candidature de Zas aurait été soutenue par la Russie et tous les autres membres de l’alliance de défense, à l’exception de l’Arménie.
Le ministère biélorusse des Affaires étrangères a exhorté la semaine dernière Erevan d’abandonner ses objections. « Le poste de secrétaire général d’une organisation politico-militaire internationale n’est pas une chambre d’hôtel qui peut être réservée », a taclé un porte-parole du ministère.
Le journal russe « Kommersant » a rapporté vendredi que Moscou avait « accepté » le fait que l’OTSC n’aurait pas de nouveau secrétaire général avant 2020. « Nous attendons le rendez-vous de l’année prochaine », selon une source diplomatique russe, cité par le journal. . « Il n’y a pas d’effondrement et de stupeur au sein de l’organisation, elle fonctionne comme prévu. »
Un porte-parole du président russe Vladimir Poutine a confirmé que les États membres du bloc n’étaient toujours pas parvenus à un consensus sur la question. Le responsable, Dmitry Peskov, a souligné que le Kremlin n’était « pas frustré » par cela.
« Et il n’y a pas de vide opérationnel dans la direction de l’OTSC car elle a un secrétaire général par intérim [le Russe Valery Semerikov] qui exercera ses fonctions jusqu’à ce que la situation avec le nouveau secrétaire général soit réglée », a expliqué Peskov aux journalistes à Moscou.
L’attaché de presse de Pachinian, Vladimir Karapetian, a également déclaré que les « négociations » sur le choix du secrétaire général de l’OTSC se poursuivaient. « Il n’existe pas encore d’accord », a-t-il affirmé.
Le différend semble avoir sérieusement tendu les relations entre l’Arménie et la Biélorussie. En novembre, Pachinian avait condamné Loukachenko pour avoir interrogé le rôle joué par Erevan au sein de l’OTSC lors d’une réunion avec un haut diplomate azerbaïdjanais, pays non affilié au bloc.
Loukachenko a ensuite affirmé s’être excusé auprès de Pachinian. Il a néanmoins insisté pour qu’Erevan accepte la nomination d’un secrétaire général biélorusse.
« Le problème a été créé par [Pachinian, pas par nous », a déploré Loukachenko, ajoutant que le Premier ministre arménien aurait dû consulter d’autres dirigeants de l’OTSC avant d’engager des poursuites pénales contre Khachaturov pour des « raisons politiques ».
M. Zas s’est rendu dans les capitales de la Russie, du Kazakhstan, du Kirghizistan et du Tadjikistan, et a rencontré les présidents de ces pays à la fin de l’année dernière pour s’assurer du soutien à sa candidature. Le responsable biélorusse a exprimé à plusieurs reprises son souhait de se rendre également à Erevan.
Quand on lui a demandé si Pachinian était prêt à recevoir Zas, Karapetian a répondu : « Cette question n’est pas à notre ordre du jour pour le moment. »
