Echirolles (Isère): Commémoration du 75ème anniversaire de l’exécution du Groupe Missak Manouchian

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Point d’orgue de la 7ème Semaine de l’Affiche rouge d’Echirolles, les étrangers dans la Résistance, la commémoration solennelle du 75ème anniversaire de l’exécution, par les nazis au Mont-Valérien le 21 février 1944, de Missak Manouchian et des Combattants étrangers des FTP MOI de la région parisienne, a réuni dimanche 17 février place de la Libération quelque 120 personnes à l’invitation conjointe de Renzo Sulli, maire, vice- président de Grenoble-Alpes Métropole et de Daniel Marandjian, président de l’Association des anciens combattants et résistants arméniens de l’armée française (AACRAAF).
On notait en outre la présence de Sylvette Rochas et Daniel Bessiron, conseillers départementaux, Claire Kirkyacharian, 1ère vice-présidente de Grenoble-Alpes Métropole, Bernard Macret adjoint au maire de Grenoble, de nombreux élus ainsi que les responsables des associations d’anciens combattants, résistants, déportés et amis de la Résistance avec leurs porte-drapeaux et les représentants des associations arméniennes de l’agglomération grenobloise.
Après l’accrochage d’une gerbe sous la plaque de la rue Manouchian, le cortège s’est rendu au Monument aux morts orné de chevalets présentant le portrait de Missak Manouchian et l’Affiche rouge.
Daniel Marandjian dans son discours très applaudi a salué la mémoire de « ces héros de l’ombre » que furent les combattants du groupe Manouchian. Il a réitéré avec insistance la demande, formulée depuis 2014, de transfert au Panthéon de la République des cendres de ces martyrs de la liberté qui attendent toujours dans leurs tombes du cimetière d’Ivry la reconnaissance suprême de la Patrie.

Aujourd’hui des voix plus nombreuses reprennent cette cause, notamment après la disparition d’Arsène Tchakarian dernier survivant du groupe Manouchian, le 4 août dernier à l’âge de 101 ans qui, fidèle à ses idéaux de jeunesse a poursuivi jusqu’au bout un travail de transmission auprès des jeunes générations.

Jetant un regard sur la grande diversité d’origines des martyrs de l’Affiche rouge :

Espagnols vaincus par le franquisme, Juifs Polonais, Roumains, Hongrois fuyant l’oppression de régimes antisémites et xénophobes, Italiens pourchassés par le fascisme mussolinien, Arméniens rescapés du Génocide de 1915 il en a souligné les valeurs d’engagement au service de leur pays d’accueil : pour eux, la France n’était pas seulement une terre d’asile, mais le dernier refuge de la Liberté.

Saluant la décision du président de la République de proclamer le 24 avril comme Journée nationale de commémoration du génocide des Arméniens de 1915 ; il a dénoncé le déchainement négationniste du président turc Erdogan et des réseaux sociaux instrumentalisés jusque sur notre territoire.

Puis il a rappelé le parcours de Missak Manouchian :

Orphelin, rescapé du génocide des Arméniens de 1915, poète, ouvrier assoiffé de culture française, il choisit en 1925 comme patrie d’adoption la France et sa devise Liberté, Egalité, Fraternité.
Le 6 février 1934, devant la montée du fascisme, il adhère au parti Communiste Français. Il est de tous les combats : Front populaire, soutien à l’Espagne républicaine, Résistance avec la M.O.I., clandestinité, et enfin lutte armée. Il est très vite remarqué pour son courage et ses qualités d’organisateur.
Le Commandement des F.T.P. en accord avec le Conseil National de la Résistance le nomme Commissaire militaire pour la région parisienne le 1er juin 1943. Sous son autorité, l’action des F.T.P.- M.O.I. a redoublé d’efficacité.
Ils ont porté des coups terribles à l’ennemi. Leurs coups de mains toujours ciblés contre des installations militaires et de hauts dignitaires nazis, telle l’exécution de Julius Ritter, responsable du S.T.O. en France. Leur honneur aura été d’avoir toujours cherché à préserver les populations civiles.

Ils ont installé la peur dans le camp de l’occupant jusqu’à ce qu’ils tombent après une longue traque dans les mains de leurs bourreaux des brigades spéciales du Commissaire « français » Fernand David en novembre 1943. Ce fut l’ignoble procès de l’Hôtel Continental les 19, 20 et 21 février 1944, monté par la Gestapo à seule fin de propagande : la mort comme seule sentence possible.
Et l’Affiche rouge, destinée à défigurer la noblesse de leur combat, leur désintéressement au service de la France pour en faire une « armée du crime » à la solde d’intérêts étrangers, devait au contraire les rendre immortels.

Daniel Marandjian a rappelé l’origine et les buts de l’AACRAAF fondée en 1946 par des Arméniens réfugiés en France et mobilisés en tant qu’apatrides, des résistants et leurs aînés les engagés volontaires de la Guerre 1914–1918, pour défendre leurs droits, la mémoire et les valeurs d’engagement de ceux qui ont placé, jusqu’au sacrifice suprême, leur idéal de liberté, de justice, de solidarité et de paix si bien incarné par le programme émancipateur du Conseil National de la Résistance. Leur honneur aura été de servir sous le drapeau français sans en avoir la nationalité.
Un travail de transmission s’est traduit d’abord par l’inauguration à Echirolles en juin 1981 de la rue Missak Manouchian, sous le mandat de Georges Kioulou, puis dès 1983 avec Gilbert Biessy l’instauration de cette commémoration annuelle, puis avec l’actuelle municipalité de Renzo Sulli la création de la semaine de l’Affiche rouge

Evoquant la 7ème Semaine de l’Affiche rouge il a remercié les partenaires réunis autour de l’AACRAAF : l’Amicale départementale des anciens F.T.P.F, l’A.N.A.C.R.38 et ses Rendez-vous de la Résistance, le cinéma Pathé Echirolles, le lycée Marie Curie,- la Maison de la Culture Arménienne de Grenoble et du Dauphiné, la Ville d’Echirolles, et le Conseil départemental de l’Isère.
Il en a rappelé les précédents temps forts :
1/ du vendredi 8 au vendredi 15 février dans le Forum Paul Rochas du Lycée Marie Curie.

Deux expositions : A/ « L’Affiche rouge, les étrangers dans la Résistance ». Réalisée par la Maison de la Culture arménienne de la Loire, elle décline, l’épopée glorieuse et tragique dans la France occupée de ces Etrangers sur le papier mais Français par le sang versé.
B/ « Votre sang qui chante sans frontières, la participation des étrangers aux combats pour la libération de la France ».
Réalisée par le Musée de la Résistance Nationale de Champigny-sur-Marne, elle restitue la grande diversité d’origines des hommes et des femmes venus du Maghreb, d’Afrique subsaharienne, d’Indochine, du Moyen-Orient pour contribuer à la libération de la France.
Les visites ont été commentées par l’historien Claude Collin, avec la participation d’Alfred Roland ancien résistant F.T.P.F, Daniel Marandjian et Jean Forestier de l’AACRAAF.

Il exprimé sa gratitude pour leur précieuse collaboration à Mme Véronique Ghiglione proviseure, les professeurs et les services du lycée et à Mme Jacqueline Magrennes adjointe à l’éducation, à la culture et au travail de mémoire d’Echirolles.

2/ Vendredi 15 février au cinéma Pathé Échirolles, projection-débat autour du film L’armée du crime de Robert Guédiguian, en présence de Claude Collin historien, programmé conjointement avec les Rendez-vous de la Résistance de l’ANACR
Innovation cette année : en plus de la séance publique, nous avons accueilli 2 classes de 3ème du collège Jean Vilar et 2 classes de 1ère de Marie Curie soit près de 120 élèves dont les places ont été offertes par l’AACRAAF. Remerciements à M. Lionel Delamotte, directeur du Pathé qui a consenti un tarif spécial.

Tirant les leçons du passé, il a évoqué le présent dans un Monde, une Europe, une France où nous voyons à nouveau monter des idéologies de rejet de l’autre, de xénophobie, de racisme et d’antisémitisme, ainsi que la crise crise fiscale, sociale, et institutionnelle importante que traverse depuis des mois notre pays.
Sous couvert du mouvement des Gilets jaunes, certains casseurs infiltrés s’en sont pris aux symboles de la république : l’Arc de Triomphe, l’Assemblée nationale et se sont attaqués aux élus de la majorité (menaces, permanences, domiciles).
Ces derniers jours, c’est un déchainement de haine raciste et antisémite par des croix gammées de portraits de Simone Veil, inscriptions nazies sur des commerce tenus par des juifs, mais aussi aux locaux de partis politiques d’opposition et autres institutions comme dans l’Isère la permanence du PCF, le local des Témoins de Jéhovah, celui des Francs-Maçons à Vienne ; et dégradations d’églises catholiques comme à La Mure.

Dans ce contexte le gouvernement prépare une nouvelle loi dite anticasseurs, tendant à doter le préfet de pouvoirs relevant jusqu’ici de la Justice. Avec les associations de Résistants, porteuses de la mémoire des années noires du fascisme et du nazisme, qui ont toujours ont appelé au respect des valeurs démocratiques, humanistes, antiracistes pour lesquelles les résistants se sont levés, l’AACRAAF met en garde contre la tentation du tout sécuritaire porteur d’arbitraire et d’inégalités.
Et pour conclure, permettez-moi une citation du Général de Gaulle à la Libération :
« Parmi les héros de la Résistance, Missak Manouchian restera l’une des plus vaillantes figures ».

Puis Elias Abaibou et Thibault Martinez, élèves du lycée Marie Curie ont ensuite lu avec une émotion palpable le poème « Strophes pour se souvenir (L’Affiche rouge) » de Louis Aragon, avant que Jean Forestier vice-président de l’AACRAAF et Gisèle Nier secrétaire procèdent à l’Appel des 23 morts pour la France.
Le Chant des Partisans, Mer Hayrenik et la Marseillaise ont ponctué la cérémonie conclue par plusieurs dépôts de gerbes (Ville d’Echirolles, Grenoble-Alpes-Métropole, Ville de Grenoble, Anciens Combattants Arméniens et Comité de liaison des ACVG et le salut aux 7 porte- drapeaux dont le fidèle Jackie Naoum.

Krikor Amirzayan

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Krikor Amirzayan
Author: Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan est un caricaturiste et journaliste arménien. Ses œuvres – articles et caricatures – paraissent dans différents titres de la presse en Arménie et en diaspora. En France il est l'un des rédacteurs du site d'information www.armenews.com. Il est l'auteur de deux livres de caricatures L'Indépendance (Erevan, 1995) et Oh ! Arménie, Arménie ! (Erevan, 1999). Il vit à Valence (France). En 2002 l'Express l'a désigné parmi « Les 50 qui font bouger Valence » Krikor Amirzayan a réalisé de nombreuses expositions de ses caricatures. Krikor Amirzayan a été décoré de la Médaille d'or du ministère de la Diaspora de la République d'Arménie, médaille qui lui fut remise le 14 novembre 2014 à Bourg-lès-Valence par l'ambassadeur d'Arménie en France Viguén Tchitétchian1. En juillet 2017 il reçut le 1er Prix de la "Défense de la langue arménienne" à Erévan par le ministère arménien de la Diaspora

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