La Turquie veut-elle faire profiter Bakou des missiles achetés à la Russie ?

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La Turquie comprend les préoccupations de ses alliés de l’Otan concernant l’achat à la Russie de systèmes de missiles de défense de type S-400, a fait savoir le ministre turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu lors d’un point de presse dédié à cette question épineuse le 21 avril. Les systèmes russes de défense antiaérienne, que la Turquie a persisté à commander à Moscou en dépit des mises en garde de ses alliés occidentaux, à commencer par les Etats-Unis, devraient être livrés cet été. Les Etats-Unis avaient pourtant exercé une pression accrue sur le président Erdogan, afin de le dissuader d’acheter ces missiles russes sophistiqués ; D.Trump avait clairement fait comprendre que la Turquie devait choisir entre les armes russes et les avions de combat américains de dernière génération, les F-35, dont l’achat par Ankara était en discussion. Une centaine de ces appareils, qui sont capables de déjouer les radars russes, devait être théoriquement fournie à la Turquie, mais les nouveaux choix stratégiques d’Erdogan font craindre aux Américains d’éventuelles fuites dans les secrets de fabrication des avions et au-delà, des technologies militaires de l’Otan, que les missiles russes seraient alors en mesure d’utiliser pour accroître leur performance. M ;Cavusoglu a affirmé que de telles craintes étaient absolument infondées.

Les autorités turques répugnent à se heurter de front aux Etats-Unis, dont elles ont déjà essuyé les foudres l’été dernier, avec des sanctions qui ont durement frappé l’économie turque. Afin de ne pas s’attirer de nouvelles sanctions, Ankara s’emploie donc à ménager Washington, où se sont rendus la semaine passée le ministre turc de la défense, celui des finances, ainsi que le représentant du président Erdogan. Sous la pression des Etats-Unis, il ne serait pas impossible que la Turquie fasse machine arrière et qu’elle refuse finalement d’activer les systèmes de missiles achetés à la Russie, selon différentes sources, qui évoquent dans ce cas l’éventualité d’un transfert de ces armes à un pays tiers. L’AFP notamment, met l’accent sur le tour particulier que prendrait cette livraison controversée de missiles S-400 à la Turquie, dont le principal bénéficiaire pourrait être l’un de ses plus proches alliés dans sa région, son « frère » azerbaïdjanais. Dernièrement, des media turcs ont en effet soulevé l’éventualité d’un déploiement « temporaire » des S-400 en Azerbaïdjan, mais aussi au Qatar, qui s’est rapproché d’Ankara depuis que l’Arabie saoudite et ses voisins du Golfe l’ont mis au ban pour ses choix diplomatiques, jugés trop favorables à l’Iran et aux Frères musulmans d’Egypte, ainsi qu’au Hamas palestinien. Pour ce qui est de l’Azerbaïdjan, outre les liens traditionnels qui unissent la Turquie à la République du Sud Caucase, les militaires turcs entendaient déjà s’y entraîner sur les missiles S-300 russes, des systèmes de la génération précédente livrés par Moscou à Bakou, afin de s’initier au maniement des S-400. Au cas où la Turquie renoncerait donc à se doter des fameux S-400 qu’elle a déjà payés à Moscou, l’Azerbaïdjan et le Qatar pourraient être les pays tiers auxquels elle aurait choisi de les transférer, ce qui ne serait pas forcément du goût des pays voisins des bénéficiaires, qu’il s’agisse de l’Arabie saoudite ou de l’Arménie.

Pour ce qui concerne l’Arménie, une telle solution poserait un sérieux problème en terme d’équilibre des forces dans la région : pour Bakou, ces missiles sont en effet très importants d’un point de vue stratégique comme tactique, puisqu’ils permettraient à l’armée azérie de neutraliser la menace des missiles balistiques russes à moyenne portée de type Iskandar dont est équipée l’armée arménienne, et dont les autorités de Erevan ont affirmé à plus d’une reprise qu’ils étaient leur arme de dissuasion majeure face à l’Azerbaïdjan. Reste à savoir si Moscou qui, justement au nom de l’équilibre des forces dans la région, semblait avoir mis un frein depuis peu à ses livraisons massives d’armes à l’Azerbaïdjan, qui avaient permis à l’armée azérie de se modernise, serait d’accord avec ce changement de destinataire pour ces missiles, qui risque de relancer la course aux armements dans la région. Le transfert des missiles S-400 à l’Azerbaïdjan devrait aussi préoccuper l’Iran, qui s’était rapproché ces dernières années de la Turquie, à la faveur de la guerre en Syrie et aussi des tensions entre Erdogan et ses alliés occidentaux. Certains experts arméniens se montrent rassurants, et veulent croire que la Turquie ne prendra pas le risque de provoquer de nouvelles tensions en transférant les missiles russes. Quant à l’Arménie, elle resterait selon eux sous la protection des Iskandar, que les S-400, pas plus que les S-300, ne seraient capables de neutraliser.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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