Bruxelles, 4 mai 2019 (AFP) – La cheffe de la diplomatie européenne
Federica Mogherini s’est dit « gravement » préoccupée samedi par l’intention
annoncée par la Turquie de mener des activités de forage de gaz dans « la zone
économique exclusive de Chypre ».
« En mars 2018, le Conseil européen a fermement condamné la poursuite des
actions illégales de la Turquie en Méditerranée orientale », a-t-elle rappelé,
dans un communiqué.
« Dans ce contexte, nous appelons instamment la Turquie à faire preuve de
retenue, à respecter les droits souverains de Chypre et à s’abstenir de toute
action illégale à laquelle l’Union européenne répondra de manière appropriée
et en pleine solidarité avec Chypre », a-t-elle ajouté.
Dans un message publié vendredi sur le service international de message
maritime NAVTEX, les autorités turques ont annoncé leur intention de mener des
opérations de forage de gaz jusqu’en septembre dans une portion de la mer
Méditerranée qui, selon des médias chypriotes, déborde sur la zone économique
exclusive de Chypre.
D’après la marine turque, ces opérations seront menées par le navire de
forage Fatih (« Le Conquérant », en turc).
« Cette provocation de la Turquie constitue une violation flagrante des
droits souverains de la République de Chypre », a écrit le ministère des
Affaires étrangères chypriote dans un communiqué.
La République de Chypre, membre de l’Union européenne, n’exerce son
autorité que sur les deux tiers sud de l’île. La partie nord est occupée par
la Turquie depuis 1974, quand Ankara est intervenue militairement en réaction
à une tentative de coup d’Etat menée par des Chypriotes-grecs voulant unir
l’île à la Grèce contre la volonté des Chypriotes-turcs.
La Turquie a « rejeté » les critiques de Mme Mogherini, affirmant que ses
activités liées aux hydrocarbures en Méditerranée orientale étaient « basées
sur des droits légitimes ».
« C’est l’administration chypriote-grecque qui n’a pas renoncé à mettre en
danger la stabilité et la sécurité de la Méditerranée orientale en ne tenant
pas compte des droits des Chypriotes-turcs », a estimé le ministère turc des
Affaires étrangères.
La découverte ces dernières années de gigantesques gisements gaziers en
Méditerranée orientale a aiguisé les appétits des pays de la région.
La République de Chypre a signé des contrats d’exploration avec des géants
des hydrocarbures comme l’italien Eni, le français Total ou l’américain
ExxonMobil.
Mais Ankara s’oppose à toute exploration et exploitation de ces ressources
gazières qui exclurait l’autoproclamée République turque de Chypre du Nord,
non reconnue par la communauté internationale.
Samedi, l’Egypte qui a signé en 2018 un accord gazier avec Chypre incluant
la construction d’un pipeline sous-marin, a dit suivre avec « inquiétude les
développements suivant les intentions annoncées de la Turquie de commencer des
activités de forage dans une zone maritime à l’ouest de Chypre ».
Le Caire a mis en garde contre « les répercussions de mesures unilatérales
sur la sécurité et la stabilité de la Méditerranée orientale ».
L’UE préoccupée par les intentions turques de forer au large de Chypre
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