Les Etats-Unis ne devraient pas faire pression sur l’Arménie pour qu’elle coupe les liens commerciaux avec l’Iran voisin à cause des sanctions américaines contre Téhéran, a déclaré le président du Parlement, Ararat Mirzoyan, lors de sa visite à Washington.
S’exprimant lundi au Conseil de l’Atlantique, un groupe de réflexion basé à Washington, M. Mirzoyan a confié que le conflit entre les Etats-Unis et l’Iran avait déjà un impact négatif sur l’économie arménienne.
« Nous ne voulons pas que les Etats-Unis fassent pression sur l’Arménie pour qu’elle adhère à son programme de sanctions contre l’Iran », a affirmé le service arménien de Voice of America. « L’Arménie ne peut pas payer un tel prix. »
Mirzoyan a fait valoir que l’Iran était l’un des deux canaux de son pays sans littoral vers le monde extérieur en raison de la fermeture de ses frontières avec les deux autres voisins musulmans, l’Azerbaïdjan et la Turquie.
Le président du Parlement arménien, proche collaborateur du Premier ministre Nikol Pachinian, a commenté la « discussion très intéressante et animée » du Conseil de l’Atlantique mardi sur sa page Facebook. « J’ai informé des partenaires américains que notre économie subissait des pertes en raison des sanctions contre l’Iran et que nous ne pouvions pas arrêter d’acheter du gaz iranien », a-t-il écrit.
L’Iran a fourni annuellement jusqu’à 500 millions de mètres cubes de gaz naturel à l’Arménie au cours des dix dernières années. Ce dernier paie pour cela l’électricité fournie à la République islamique.
Les responsables iraniens ont proposé d’élargir cet échange lorsqu’ils se sont entretenus avec le vice-Premier ministre arménien Mher Grigorian à Téhéran plus tôt ce mois-ci. Grigorian a révélé la semaine dernière au service arménien de RFE / RL qu’Erevan souhaitait augmenter les importations de gaz iranien.
Le conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton, a discuté des sanctions américaines avec Pachinian lors d’un voyage en octobre 2018 en Arménie. Bolton a annoncé que Washington les appliquerait «très vigoureusement» et que le trafic à travers la frontière arméno-iranienne deviendrait donc un «problème important».
En novembre, une équipe de responsables de l’État et des départements du Trésor des États-Unis s’est rendue à Erevan pour expliquer les sanctions au gouvernement et au secteur privé arméniens. Pachinian a ensuite précisé que son gouvernement « approfondira ses relations économiques mais aussi politiques » avec Téhéran.
Lors d’une rencontre avec M. Pachinian dans la capitale iranienne en février, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a exhorté l’Arménie à renforcer ses relations avec son pays « contrairement à ce que veulent les Etats-Unis ». Selon le président iranien Hassan Rohani, les deux pays voisins ne permettront à aucun «pays tiers» de saper leur relation cordiale.
