Le gouvernement syrien a condamné dimanche le
début des patrouilles turco-américaine dans le nord-est du pays, dans un
secteur censé devenir à terme une « zone de sécurité » en vertu d’un accord
entre Ankara et Washington déjà rejeté par Damas.
Dimanche matin, la Turquie et les Etats-Unis ont lancé leur première
patrouille conjointe en application d’un accord conclu le 7 août entre les
deux pays.
Celui-ci prévoit la mise en place d’une zone tampon entre la frontière
turque et les zones syriennes contrôlées par la milice kurde appuyée par
Washington des Unités de protection du peuple (YPG), qu’Ankara qualifie de
« terroriste ».
« La Syrie condamne avec la plus grande fermeté les patrouilles conjointes
menées par les Etats-Unis et le régime turc », a affirmé l’agence officielle
Sana, citant une source au ministère des Affaires étrangères.
Cette initiative représente « une agression » et « vise à compliquer et à
prolonger la crise en Syrie », a ajouté Sana.
Le régime syrien avait déjà rejeté le mois dernier l’accord « des occupants
américain et turc sur la création de ce qui est appelé +zone de sécurité+ ».
Pour le pouvoir de Bachar al-Assad, qui a réussi à reprendre le contrôle de
plus de 60% du territoire syrien depuis 2015 avec l’aide cruciale de l’allié
russe, l’accord américano-turc constitue « une agression flagrante » contre sa
souveraineté.
Damas a pour objectif de se redéployer dans les zones contrôlées par les
Kurdes et a entamé avec ces derniers des négociations, jusqu’ici sans progrès
car le pouvoir refuse d’octroyer toute autonomie à cette minorité ethnique.
Au lendemain de l’accord turco-américain, Damas a été jusqu’à accuser les
Kurdes d’être un « outil » dans ce « projet hostile » en raison de leur alliance
avec Washington, les appelant « à retourner dans le giron national ».
Les Kurdes, une minorité ethnique longtemps marginalisée en Syrie, ont créé
une zone autonome dans le Nord à la faveur du conflit syrien.
Cette guerre, déclenchée en 2011 par la répression de manifestations
prodémocratie, s’est complexifiée au fil des ans avec l’implication de
multiples acteurs régionaux et internationaux.
En plus de huit ans, le conflit en Syrie a fait plus de 370.000 morts et
déplacé des millions de personnes.
Damas, 8 sept 2019 (AFP) –