Interview d’Armen Agop : un artiste qui observe l’invisible

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Le sculpteur Armen Agop © Bob Bagley.

À Paris, une exposition collective interroge notre perception de la nuit, invitant à une déambulation sensible dans l’obscurité en dessinant une géographie de nos nuits. Avec la participation d’Armen Agop.

Nouvelles d’Arménie Magazine : L’exposition L’oeil et la nuit interroge l’idée du monde de la nuit. Quelle relation avez-vous avec ce monde ?
Armen Agop :
L’obscurité de la nuit réveille notre perspicacité. La nuit est une chance d’observer l’invisible, une source infinie de l’inconnu et du mystère. Lorsque l’obscurité rencontre le silence, c’est un moment magique. Au fil du temps, ma pratique de travail est devenue plus méditative.

NAM : Que voulez-vous transmettre ?
A. A. :
Je travaille depuis des années sur la série Sufic, et le Sufic Triptych II est une présence de 3 formes rondes, similaires en taille, en couleur et en composition, avec seulement une ligne se terminant par un point qui sort de la forme. La différence entre eux est leur relation avec l’espace environnant et comment ils se lèvent contre la gravité. C’est une tentative de partager le résultat d’une pratique méditative dans un contexte d’art contemporain, sans message ni récit. C’est juste une invitation à observer et à percevoir.

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NAM : Avez-vous grandi dans un environnement artistique ?
A. A. :
J’ai grandi en Égypte, donc j’étais inévitablement entouré d’art ancien. Mon père était graveur sur acier, j’étais entouré de mini-reliefs ou sculptures en acier. Mais l’environnement naturel – le désert et l’horizon illimité – m’a toujours fasciné. Je crois que c’est dans le désert, où rien n’était, que j’ai appris à voir.

NAM : Comment êtes-vous venu à la sculpture ?
A. A. :
Comme tout enfant, j’aimais dessiner et peindre. En découvrant la pâte à modeler et l’argile, je ne cessais de jouer avec les lignes, les couleurs, les formes. Je n’ai jamais arrêté, c’était très instinctif… Je n’ai jamais compris pourquoi les autres s’étaient arrêtés ! Les artistes sont ceux qui n’ignorent pas leur instinct.

NAM : Qu’est-ce qui vous fascine dans la pierre ?
A. A. :
J’ai une relation très intime et obsessionnelle avec le granit. C’est un matériau ancien dont la dureté et la compacité demandent du temps. La lenteur du processus me laisse le temps de découvrir ce que je veux vraiment partager. Ce qui me fascine, c’est sa dignité, l’énergie qui y est comprimée. Comme sa présence domine l’espace environnant, interférer est une grande responsabilité.

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NAM : Comment se sentent vos origines arméniennes dans votre travail ?
A. A. :
Comme beaucoup d’Arméniens de diaspora de ma génération, j’ai grandi avec l’idée de « Koyadevel », qui a un sens complexe où exister ne suffit pas. Cela a développé une signification toute personnelle, étant entouré par les sculptures éternelles de l’Égypte. Je suppose que les caractéristiques du granit alimentent le rêve arménien. Je ne m’intéresse pas au court terme.

NAM : Vous êtes né en Égypte (où vous avez été apprenti du peintre Simon Shahrigian), vous vivez en Italie (vous avez reçu le prix de Rome) : un multiculturalisme qui nourrit votre travail.
A. A. :
L’Égypte est un endroit idéal pour la naissance d’un sculpteur. Avoir différentes cultures, c’est simplement avoir différentes manières de percevoir le monde et, par conséquent, différentes manières d’interagir avec. L’Italie et l’Égypte ont joué un rôle important dans la civilisation humaine. Il est intéressant de voir ce qui continue de nous toucher et comprendre ce qui peut émettre une énergie positive. Observer les valeurs qui subsistent et la disparition des valeurs secondaires m’a aidé à filtrer et à reconnaître ce qui est une priorité pour moi aujourd’hui.

NAM : Avez-vous déjà été en Arménie ? La pierre a une place importante…
A. A. :
J’y suis allé la première fois à l’adolescence puis j’ai eu envie d’y retourner pour étudier la sculpture. C’était l’Arménie soviétique : j’ai postulé, j’attends toujours une réponse… Je me souviens encore de la surprise que j’ai ressentie en entrant dans les églises taillées dans les montagnes. L’énergie interne avait un mysticisme particulier. Cela m’a aidé à rechercher l’énergie interne de la sculpture.

Propos recueillis par Claire Barbuti

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Exposition L’Oeil et la nuit
A l’institut des Cultures d’Islam – 56 rue Stephenson, 75018 Paris
Jusqu’au 9 février

Claire
Author: Claire

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