Le 27 avril 1995, année du 50e anniversaire de la libération des camps d’Auschwitz – Birkenau, le Professeur Robert Paul Vigouroux, alors Maire de Marseille, inaugurait le « Mémorial des camps de la mort » , situé près du Vieux – Port.
Après une fermeture de 7 années, ce bunker de 360 m2 construit par les Allemands entre 1943 et 1944, entièrement réaménagés après de lourds travaux et une mise aux normes par la Ville de Marseille, pour un montant de 467 000 €, rouvrait ses portes avec une nouvelle identité.
Désormais, le « Mémorial des déportations » est rattaché au Musée d’Histoire de Marseille comme d’autres musées Historiques.
L’événement important et attendu avait lieu ce jeudi 19 décembre 2019 sous le patronage de Jean – Claude Gaudin, Maire de Marseille.
Anne – Marie d’Estienne d’Orves, André Malrait adjoints au Maire et de nombreuses personnalités de la communauté juive de la cité phocéenne avaient pris place pour cette cérémonie.
Étaient présents Bruno Benjamin, président du Crif de Marseille Région Sud, Raymond Arouch, président du Centre Fleg, Cyprien Fonvielle,directeur de la Fondation du camp des Milles, Robert Mencherini, professeur des Universités en Histoire contemporaine, Fabrice Denise, le directeur du Musée d’Histoire de Marseille entres autres .
Près de 300 personnes étaient venues pour l’occasion, et ont assister aux discours sous un chapiteau aménagé.
« LE MÉMORIAL DES DÉPORTATIONS » ÉCLAIRE L’HISTOIRE.
Dans son discours de bienvenue, le maire de la Ville a souligné l’ importance de ce lieu de mémoire, havre de paix et de recueillements qui éclaire l’avenir et l’Histoire.
Assis au premier rang, des femmes et des hommes écoutaient Jean- Claude Gaudin .
Les yeux encore terrifiés par l’horreur, les souvenirs douloureux et atroces encore présents figeaient leurs regards.
Les cris et les pleurs hantaient leurs oreilles.
Des visages, des noms, des prénoms qui étaient les leurs, ceux de leurs familles, de leurs semblables de sang, défilaient dans leur mémoire.
Ces femmes et ces hommes, silencieux, dignes, étaient des rescapés des camps de la mort, ils étaient encore en vie après avoir vécu l’enfer.
La chaire marquée par les souffrances, ces témoins de l’Histoire voulaient dire et témoigner de l’indicible.
Tous déportés, entassés comme de vulgaires marchandises dans des wagons qui roulaient en direction de la mort, déshumanisés ces femmes et ces hommes sont morts, assassinés au nom d’une idéologie terrifiante, comme les Arméniens en 1915, victimes du génocide perpétré par les Turcs.
Le scénario était identique, c’était la répétition générale avant de perpétrer la Shoah. Les officiers allemands, alliés des Turcs durant la Première Guerre, supervisaient les opérations de déportations et de massacres.
Jean – Claude Gaudin a déclaré que cet ancien blockhaus nazi, fait de béton et d’acier devenu le symbole d’une domination vaincue, et aujourd’hui devenu un lieu de recueillement, de transmission de mémoire des victimes du nazisme et du régime de Vichy, morts en déportations.
Dans nulle autre époque, l’Humanité n’était parvenue à de tels crimes contre elle-même, contre les Tziganes, les homosexuels, les handicapés et les opposants politiques dit-il.
Ce lieu symbolique et rénové, s’élève sur trois niveaux.
Ponctuées d’archives, de films vidéos, d’écrans interactifs, et de parcours de vie de certains déportés, le Mémorial reste un lieu évolutif où les contenus seront renouvelés tous les ans.
Les murs épais de pierres et de béton, abîmés, portent les meurtrissures indélébiles de la violence des lieux.
La douce lumière tamisée, contraste, et éclaire les kakémonos et autres visuels qui témoignent de l’ Histoire.
LE MUR DES 4000 NOMS
Gravés dans la pierre, ultimes traces des victimes, ces patronymes perpétuent à jamais leurs souvenirs.
Au second étage du Mémorial, 18 urnes contenant des cendres et de la terre provenant de 12 camps de concentration et de 6 centres de mise à mort, sont rassemblés pour perpétuer le souvenir de tous ceux qui avaient péri.
« LE MÉMORIEL S’ATTACHE À RÉVEILLER L’HISTOIRE »J-C Gaudin
Lieu de transmissions en particulier pour les jeunes générations, le Mémorial s’attache à transmettre l’histoire et la mémoire des hommes et des femmes arrêtés à Marseille, puis déportés.
« L’opération Sultan » organisée par l’ignoble René Bousquet, depuis l’Hôtel de Ville de Marseille avait permis l’arrestation de 2500 personnes sur le Vieux- Port, le 23 janvier 1943 dixit M. le Maire.
Elles seront toutes déportées.
Contre les négationnistes et les falsificateurs de l’Histoire, le Mémorial livre les ressources pour « dire et connaître » les faits.
Il déploiera son projet scientifique et culturel en lien avec un réseau d’institutions locales, nationales et européennes afin d’assurer une programmation de conférences hors des murs, avec des lieux culturels partenaires.
Le Maire a remercié au nom de la Ville, le Comité scientifique et les représentants des institutions publiques ( Archives municipales et départementales) pour avoir organisé la réouverture du site avant la fin de son mandat, en mars 2020.
LE TÉMOIGNAGE DE DENISE TOROS- MARTER
Commandant de la Légion d’honneur et présidente de l’Amicale d’Auschwitz, Mme Toros- Marter a remercié M.le Maire pour avoir soutenu la réalisation de ce projet.
« il manquait à Marseille ce lieu de mémoire » dit-elle avec beaucoup d’émotion la voix tremblante, assise sur une chaise.
Les souvenirs encore douloureux, Denise Toros- Marter évoquera son arrestation avec ses parents, son frère André et sa grand-mère tous déportés à Auschwitz.
André et Denise seront libérés par les Russes et les Américains.
Les parents ne reviendront pas de l’enfer.
René, le frère cadet combattait dans les Cévennes contre l’occupant nazi.
Tel était le destin tragique de ces hommes et de ces femmes victimes, déportés et massacrés parce qu’ils étaient Juifs, Tutsi ou Arméniens.
Mémorial des déportations
Avenue Vaudoyer , 13002 Marseille
Tel: 04 91 55 36 00
Métro M1 / Vieux- Port
Parking Jules Verne / Mucem
Alain Sarkissian
