Le gouvernement arménien a autorisé deux usines de textiles employant environ 3 000 personnes à reprendre leurs activités suspendues le mois dernier en raison de l’épidémie de coronavirus.
Les autorisations accordées aux entreprises Gloria et Sarton, basées dans la ville de Vanadzor, au nord du pays, sont conditionnées au respect des mesures antiépidémie requises par un organe gouvernemental chargé de faire respecter l’état d’urgence lié aux coronavirus en Arménie.
Avec quelque 2 600 travailleurs, Gloria est la plus grande usine textile du pays. Son propriétaire, Bagrat Darbinian, a déclaré mercredi qu’il s’est engagé à faire désinfecter ses locaux deux fois par jour et à fournir à tous les travailleurs des désinfectants pour les mains, des masques médicaux et des gants en caoutchouc. M. Darbinian a déclaré que les bus de l’entreprise transportant ses employés au travail et à la maison seront également désinfectés quotidiennement.
Certains des travailleurs interrogés par le service arménien de RFE/RL ont cependant déclaré qu’ils ne pouvaient pas porter de masques et de gants toute la journée et qu’ils se laveront fréquemment les mains et éviteront plutôt tout contact physique entre eux.
Malgré la propagation continue du virus, le gouvernement a progressivement rouvert différents secteurs de l’économie arménienne au cours des deux dernières semaines. Le Premier ministre Nikol Pashinian a déclaré le 12 avril que l’industrie textile nationale devrait également pouvoir reprendre ses activités, bien qu’elle soit « le principal moteur » des cas de coronavirus enregistrés dans le pays à ce moment-là.
Des centaines de cas de ce type proviennent en effet d’une usine textile située à Erevan. Les autorités sanitaires pensent que ses travailleurs ont été infectés par un spécialiste italien venu en visite début mars.
Suite à la déclaration de Pashinian, le groupe de travail du gouvernement a établi des règles concrètes de distanciation sociale et d’autres précautions pour ce secteur orienté vers l’exportation. Darbinian a affirmé que ces exigences étaient trop strictes, après que les employés de Gloria aient défié l’interdiction gouvernementale et soient retournés sur leur lieu de travail le 21 avril.
Les travailleurs, pour la plupart des femmes, souhaitaient que l’usine reprenne immédiatement son activité, car ils ne pouvaient pas subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille après le mois de fermeture. Les autorités ont fermé à nouveau l’usine le lendemain.
Darbinian a alors déclaré à ses travailleurs qu’ils ne devaient pas avoir peur de contracter le COVID-19, la maladie respiratoire potentiellement mortelle causée par le virus. « Si nous sommes infectés, nous nous en remettrons », a-t-il dit. « Il y a 2 600 personnes ici, et [la maladie] est si répandue que quelqu’un pourrait l’attraper ».
« Ni moi ni personne d’autre ne peut vous donner de garanties. Vous devez donc vous préparer à cela », a ajouté le propriétaire de la société.
M. Pashinian a annoncé mardi que son gouvernement prévoit de rouvrir toutes les entreprises restantes, y compris les cafés et les restaurants, dans les dix prochains jours. En fait cette mesure pourrait prendre effet dès le 4 mai.
Entre-temps, le ministère arménien de la Santé a signalé 65 nouveaux cas de coronavirus mercredi matin. Le nombre total de personnes ayant été testées positives pour le virus en Arménie a ainsi atteint 1 932. Trente d’entre elles sont mortes de la maladie jusqu’à présent, selon le ministère.
S’adressant au service arménien de RFE/RL dimanche dernier, le ministre de la Santé Arsen Torosian avait averti qu’en raison du nombre quotidien de nouvelles infections, les autorités ne seront bientôt plus en mesure d’hospitaliser ou d’isoler la plupart des personnes infectées.
