Le Premier ministre Nikol Pachinian a rejeté hier les allégations de l’opposition selon lesquelles Gagik Tsarukian, le chef du parti d’opposition Arménie prospère (BHK), serait poursuivi pour des raisons politiques.
« Dans le passé, les autorités ont utilisé de telles affaires criminelles pour garder les forces [d’opposition] sous contrôle, les forcer à former des coalitions, etc. parce qu’elles manquaient de légitimité, a expliqué Pachinian. Notre gouvernement n’a pas un tel objectif. Nous n’avons pas besoin de transformer les affaires criminelles en sujets de harcèlement politique pour qu’elles fassent moins de déclarations [anti-gouvernementales] ou se taisent. »
« Ils ne parleront même plus ici parce que les gens les expulseront complètement », a-t-il ajouté lors de la séance de questions et réponses du gouvernement arménien au Parlement.
Pachinian a pris la parole au lendemain du vote de la majorité progouvernementale du Parlement pour permettre aux autorités chargées de l’application des lois de poursuivre et d’arrêter Tsarukian pour avoir acheté des votes lors des élections législatives de 2017.
Tsarukian et son parti, qui constitue le plus grand groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, rejettent ces accusations comme étant sans fondement et à motivation politique. Ils disent que Pachinian a ordonné l’ouverture de la procédure pénale en réponse aux récents appels du chef du BHK à la démission du gouvernement.
S’adressant à ses principaux loyalistes le 5 juin, Tsarukian a accusé le gouvernement d’avoir mal géré la crise du coronavirus en Arménie et de ne pas en atténuer les conséquences socio-économiques. Pachinian et ses alliés politiques ont réagi avec colère à ce discours.
Le procureur général Artur Davtian a démenti que cette affaire soit politiquement motivée lors de son intervention au parlement mardi. Il a déclaré que le service national de sécurité (SNS) avait lancé l’enquête sur l’achat de votes en février.
Le SNS a de nouveau interrogé Tsarukian immédiatement après que le parlement a levé son immunité contre les poursuites. Il a ensuite demandé à un tribunal d’Erevan d’autoriser les enquêteurs à placer l’un des hommes les plus riches du pays en détention provisoire.
Le tribunal a entamé des audiences sur la demande du SNS hier soir.