Le puissant vent de fronde qui a balayé les anciennes élites politiques au pouvoir en Arménie en avril n’épargne pas l’Eglise arménienne, dont la plus haute autorité, le catholicos Karekine II, fait face aux critiques d’une partie de ses fidèles, dont une petite minorité réclame même la démission.
La ville sainte d’Etchmiadzine, qui abrite le Catholicossat, avait déjà été secouée en juin par une vague de manifestations qui avaient provoqué le départ de son maire, M. Grigorian, le fils d’un ancien général héros de la guerre du Karabagh mis en accusation dans une affaire de détournements de dons envoyés par la population aux soldats de l’Artsakh durant la « guerre des 4 jours » d’avril 2016. Depuis, la localité située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Erevan est le théâtre d’autres manifestations, autour de mêmes mots d’ordre dénonçant la corruption qui gangrènerait aussi l’Eglise arménienne. Les critiques visant depuis plusieurs mois le catholicos Karékine II se font plus insistantes, tandis qu’enflent les rumeurs selon lesquelles le chef de l’Eglise apostolique arménienne serait marié et se livrerait à de très lucratives affaires, et vivrait donc en parfaite contradiction avec les préceptes de l’Eglise qu’il dirige.
Vendredi 6 juillet, portée par ces rumeurs, plusieurs dizaines de manifestants en colère s’étaient massée devant le siège du catholicossat, affirmant que plusieurs des pièces du Trésor de la cathédrale d’Etchmiadzine et de son musée, dont des pierres précieuses et des saintes reliques, auraient été volées par ceux-là mêmes qui en ont la garde et revendues à des fins d’enrichissement personnel. La police avait dû intervenir pour disperser les manifestants. Quant aux autorités ecclésiastiques arméniennes, elles avaient jugé utile, le lendemain même, de dissiper les soupçons en exposant au public l’une des reliques renfermées dans le Trésor d’Etchmiadzine, la Sainte Lance.
Initialement conservé dans le monastère de Keghart, qui lui doit son nom, ce morceau de la Lance de Longinus qui est censée avoir percé le flanc du Christ sur sa croix, est l’une des reliques les plus précieuses et les plus connues que renferme le Trésor d’Etchmiadzine.
