Assistance aux migrants Arméniens éconduits

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Le sujet de l’évacuation de l’Arménie par des demandeurs d’asile vers des pays tiers, dont les démarches en ce sens sont – souvent manifestement – infondées en faits et en droit, est devenu une préoccupation chronique, dans diverses communautés arméniennes du monde.

On entend ainsi quelques voix parmi nous, toujours hyper-émotives et plutôt tonitruantes, qui conjurent ou mettent en demeure les associations de la diaspora de soutenir lesdits demandeurs d’asile, nonobstant toute considération juridique ou morale quant à l’inexactitude flagrante de leurs démarches. Ces voix deviennent particulièrement lyriques et langoureuses, dans les cas d’urgence occasionnels où ces demandeurs d’asile, ayant épuisé leurs recours, se retrouvent parfois littéralement dans la rue, en attendant leur rapatriement dans leur pays de provenance et d’origine.

Dans ces cas les plus dramatiques et urgents, il conviendrait d’inviter ces grands humanistes à loger les migrant en instance imminente de rapatriement, pour quelques jours, chez eux, à la maison.

Ça serait cela, la vraie solidarité humaine. Dans les faits et dans l’action, et pas seulement dans les paroles, les vociférations. Dans une certaine discrétion aussi, et non pas le sensationnalisme.

Ça serait aussi très Arménien comme comportement, l’hospitalité personnelle étant l’une de nos caractéristiques les plus anciennes, typiques et ancrées.

Plus que cela, une telle intervention favoriserait les demandes d’asile ou d’immigration en question, puisque les autorités – et l’opinion publique massivement majoritaire – verraient moins les demandeurs en cause comme des profiteurs éhontés du système, et pourraient être ainsi enclins à être plus indulgents, moins stricts peut-être, au niveau de l’application des Lois.

Dans certains pays, il est même possible de se porter à certains égards garant personnel du migrant concerné, ce qui favorise largement, à tout le moins, l’octroi d’un visa de séjour. Est-ce que les grands défenseurs de ces migrants en cause, dans leur immense mansuétude, avec leurs appels éperdus à l’assistance charitable, avec leur infinie générosité de l’âme, de la plume et de l’esprit, ont jamais signé de telles garanties personnelles, au soutien de ceux qu’ils disent vouloir aider, à tout prix et au seul nom de la solidarité humaine ?

Cela étant dit, pour ce qui est maintenant des critiques virulentes en la matière à l’encontre des associations arméniennes de la diaspora, voici quelques aspects du sujet qui semblent échapper à ces grands Chevaliers de la Vertu, montés sur leurs grands chevaux blancs.

Que ces associations ne s’opposent pas, activement, à toutes ces fausses demandes d’asile, soit. Qu’elles ne s’y objectent pas expressément, qu’elles ne tentent pas d’y faire obstacle, d’en endiguer le flot insensé, entendu. Ne serait-ce qu’ou nom de la bienséance. Du tact élémentaire. (D’aucune pourraient dire aussi, par manque de courage, mais personne n’est disposé à entendre ce discours, alors on va le museler, se retenir et s’abstenir de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, et pratiquer plutôt la langue de bois dans les déclarations publiques sur ce sujet.)

Mais ce que quelques-uns demandent à ces associations, c’est d’aller dans l’autre sens. C’est de soutenir, d’encourager, de favoriser activement l’évacuation de l’Arménie. De mettre en place des structures qui motiveront et inciteront une certaine population d’Arménie à abandonner celle-ci, aveuglément, dans une quête chimérique de l’Eldorado, du Graal Sacré et du Jardin d’Eden sur terre, dans des pays étrangers.

Oubliant même un peu l’Arménie, la mise en place éventuelle d’un tel système diasporique serait-elle bénéfique pour les migrants eux-mêmes ? Bien sûr que non. Puisque cela ne ferait que favoriser la prolifération de fausses demandes d’asile, vouées ultimement à l’échec, et menant ainsi à des situations dégradantes, humiliantes ou dramatiques.

Par ailleurs, sur le plan strictement pratique, imaginons un peu à quel point un tel système diasporique d’accueils de migrants serait rapidement débordé… Générant ainsi une autre série de drames, de crises, d’accusations de favoritisme et de discrimination, etc., au niveau de la sélection des cas en rapport avec le nombre de places disponibles.

Il importe de mentionner aussi un autre point important : même en mettant de côté les questions de principes et toutes les autres considérations exposées ci-dessus, rappelons que les associations de la diaspora mettent en œuvre des programmes permanents d’assistance, destinés à la population d’Arménie. Prenons, pour seul exemple, le programme de parrainage d’enfants d’au moins l’une de ces associations. Lequel est implanté et en voie d’exécution depuis plus de vingt ans, et non pas seulement après qu’il soit devenu à la mode pour certains de pleurnicher sur le sort des démunis en Arménie.

On voudrait donc que ces associations coupent les vivres à des familles et à des enfants qui veulent rester en Arménie, pour dévier ainsi leurs ressources vers les faux demandeurs d’asile dans les pays étrangers ?

Chacun a bien sûr le droit d’ignorer tous ces explications et ces arguments sereinement exposés ci-dessus.

Mais alors, rien n’empêche ces beaux parleurs chroniques, que ce soit individuellement ou en se regroupant au sein d’un quelconque “comité de soutien“ ad hoc, de procéder à une campagne de collectes de fonds, pour transformer eux-mêmes leurs belles paroles en actes réels.

Ils verront alors, sur la base des résultats d’une telle sollicitation publique de dons destinés à ce qu’ils prêchent, si ce sont seulement les associations diasporiques en place qui ne partagent pas leur conception – très superficielle – de la situation et de la problématique en cause.

Enfin, il y a une autre démarche, celle-ci en amont, dans une logique de prévention, qui serait certainement utile et efficace pour réduire le nombre de drames que subissent les migrants Arméniens dans les pays étrangers où ils tentent de tenter leur chance: diffuser, en Arménie même, l’information factuelle et élémentaire concernant tous les drames et vicissitudes vécus et en cours des migrants ayant heurté le mur de la réalité à l’étranger, de manière à ce que la frange en question de la population de ce pays soit au moins dûment avisée de ce qui l’attend, dehors, et de prendre des décisions éclairées, en conséquence.

Mais cela aussi, “ça ne se fait pas“, je suppose…

Me Haytoug Chamlian, Canada

06 février 2014

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Author: raffi

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