Violence nationaliste turque en Belgique

Se Propager

L’impudence du nationalisme turc ne connaît décidément ni limite ni frontière. Par deux fois, à quelques jours d’intervalle les Arméniens de Belgique ont été fin octobre la cible de manifestations violentes.

Au motif de soutenir la volonté de leur gouvernement d’en découdre avec la guérilla Kurde, des organisations téléguidées par Ankara en ont profité pour fustiger le 21 et le 24 octobre à Bruxelles la reconnaissance du génocide des Arméniens par la Chambre des représentants aux Etats-Unis, avant de glisser comme de coutume sur la pente des slogans racistes et des actions de rue violentes. Bilan : le passage à tabac Mehmet Koksal journaliste turc connu pour ses engagements anti-négationniste et la mise à sac par deux fois d’un café détenu par un Belge d’origine arménienne.

Ces manifestations d’hystérie collective perpétrées au coeur de l’Europe tendent à montrer qu’il n’y a toujours rien de neuf sous le sous le croissant lunaire du drapeau brandi par ces fanatiques. Quatre-vingt-douze ans après le génocide, la névrose identitaire turque continue de vomir sa bile sur les mêmes cibles. Bien sûr qu’entre 1915 et 2007 les échelles sont différentes, comme les moyens, les modes opératoires et les objectifs. Bien sûr que cette attaque contre un commerçant ne saurait se comparer avec une entreprise d’extermination programmée par un Etat à l’encontre d’une partie de ses ressortissants. Mais là comme ici, n’est-on pas confronté, in fine, au même type
de folie, au même racisme, aux mêmes réflexes ? Le problème n’est-il pas, non dans la mesure, mais bien dans la nature même de cette violence, dans ce qu’elle recèle en terme de signification symbolique et de pérennisation. Cela est inacceptable en soi. Encore plus compte tenu des antécédents. Et totalement révoltant quand cette sauvagerie reproduit le schéma génocidaire, avec les mêmes acteurs dans les rôles des bourreaux et dans ceux des victimes.

Qu’une bande d’écervelés turcs s’autorise encore, dans la capitale de l’Union européenne, à toucher à un seul cheveu d’un Arménien parce qu’il est Arménien, voilà qui en dit long sur les conséquences de tous les abandons moraux ayant caractérisé la politique de cet ensemble à l’égard du premier génocide du XXe siècle.

Cette aversion du bouc émissaire arménien, alimentée par la mauvaise conscience refoulée de 1915, n’en fini donc toujours pas d’alimenter un orgueil nationale turc aussi maladif que dangereux. Se sachant coupables d’une des plus grandes vilenies de l’histoire, les nationalistes n’en finissent pas de se rassurer dans la fuite en avant et la surenchère sordide. Ils le font d’autant plus facilement en Belgique, qu’ils sont avec les Arméniens dans un rapport de vingt-cinq contre un. Et que, de plus, ils pèsent sur l’appareil d’état du « plat pays », déjà infiltré par des éléments ouvertement négationnistes comme l’ancien secrétaire d’Etat Emir Kir. Ce dernier, membre du PS belge, développe en effet ouvertement ses positions négationnistes qui banalisent le camp des extrêmes.

Si cette idéologie meurtrière qui s’exprime dans les rues belges, loin d’avoir été condamnée et sanctionnée comme il se devait continue encore d’être encouragée, pourquoi ne produirait-elle donc pas les mêmes effets ?

Comme pour bien montrer son incapacité à prendre la mesure de la portée éthique et politique de cette actualité, le Parlement européen a cru bon le 24 octobre, au moment même où les nervis turcs attaquaient ce café arménien de Bruxelles, de retirer la reconnaissance du génocide
arménien des conditions qu’il posait jusqu’alors à l’entrée de la Turquie dans l’Europe…
Ne doutons pas que cet abandon en forme d’alignement sur le cynisme en la matière de la commission européenne sera apprécié à sa juste valeur par les fils spirituels des Jeunes turcs et autres Kémal.

Cette situation désespérante pose néanmoins la question de savoir jusqu’où les Arméniens devront-ils fuir pour échapper à la brutalité de ces hordes manipulées par Ankara ? Jusqu’à quand devront-ils subir cette barbarie qui s’inscrit dans la droite ligne d’une histoire sanglante ?
Comment mettre en garde les Européens, sur les conséquences de leur surdité et de leur aveuglement ? Faudra-t-il à nouveau attendre que l’irréparable soit commis ? Mais alors, de quels droits de l’homme peuvent bien se réclamer ces « politiques  » qui prétendent intégrer la Turquie au nom d’une Europe des valeurs, quand ils font étalage d’une telle faillite morale ?

Avec ce nouvel épisode dans l’histoire de la violence collective turque contre les Arméniens, jamais cette question ne se sera posée d’une façon aussi concrète en Europe.

Ara Toranian

raffi
Author: raffi

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut