Bundestag : motion sur le génocide

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Le Bundestag a voté jeudi 16 juin une résolution historique par laquelle il s’implique véritablement dans le débat sur le génocide arménien. Mieux, il exprime ses regrets sur « le rôle peu glorieux de l’empire germanique » durant les événements. Certes, cette motion n’use qu’indirectement de la notion de génocide. Mais le terme est référencé dans l’exposé des motifs. En fait, la démarche est totalement inverse de celle de la France qui dans la loi promulguée en 2001 a recours a une formule courte, forte, mais laconique : « La France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915 ». Le Bundestag s’est au contraire engagé sur un texte descriptif, qui relate par le menu « le massacre », « la destruction », « l’expulsion » des Arméniens, et qui désigne les coupables. De plus, il stigmatise la Turquie actuelle qualifiée de « successeur juridique de l’Empire ottoman », qui continue a « minimiser » et a « contester » les faits. Enfin il cite le nombre des victimes : « plus d’un million » ».

Tout cela est d’autant plus remarquable que jusqu’a maintenant l’Allemagne avait brillé par son soutien sans faille a la Turquie. Une position qui tranchait avec l’honneteté de sa ligne de conduite a l’égard des pages sombres de sa propre histoire. Aussi, meme avec ses insuffisances, ce texte constitue une belle avancée. Cela est d’autant plus méritoire que ce pays compte au bas mot trois millions de Turcs plus ou moins ignorants du probleme et a peine quarante mille Arméniens. Une donnée qu’il faut prendre en compte, meme si en principe le devoir de mémoire et la vérité historique ne devrait pas se dessiner sous les traits d’un rapport de forces.

Pour autant faut-il se contenter d’un tel texte ? Non et ce pour au moins deux raisons. Tout d’abord parce que ce contournement « diplomatique » du concept de génocide tombe mal.
Il intervient en effet a un moment ou en Europe les reconnaissances explicites s’additionnent. Dans ce contexte, toute formule éliptique pourrait donner prise a des interprétations malveillantes et fourbir ainsi des armes au négationnisme. Peut-on assumer un tel risque ? Ce type de positionnement constitue également une marche arriere par rapport au besoin exprimé par la convention de 1948 sur la définition du génocide. Celle-ci n’a-t-elle pas été concue et adoptée pour qualifier le type de crimes que vient justement de recconnaître le Parlement allemand ?

C’est pourquoi, s’il faut saluer ce tournant historique du Bundestag, il est également nécessaire de lui demander d’aller au bout de sa logique et d’appeler par son nom le crime qu’il décrit.

raffi
Author: raffi

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