-analyse- coup d´accélérateur entre erevan et téhéran pour la construction du gazoduc reliant l´arménie à la république islamique d´iran. cet ouvrage pourrait paver la route vers d´éventuelles livraisons de gaz naturel iranien vers l? europe occidentale. une option visiblement soutenue par la plupart des pays européens, mais également par moscou, au grand dam des américains, farouchement hostiles à cette éventualité. un paradoxe, dans la mesure où l´arménie était très dépendante des livraisons du groupe russe itéra. des mouvements incessants entre les autorités arméniennes et iraniennes indiquent clairement que les deux partenaires mettent un point final à la préparation de la construction du tronçon, long de 140 km, devant permettre à l´arménie de se fournir en gaz naturel iranien. a l´origine, ce projet devait permettre à l´arménie de sortir de l´ornière énergétique dans laquelle la désoviétisation et la guerre du karabagh l´avait plongée. mais avec le temps, le projet semble avoir pris une dimension plus géopolitique attirant l´attention, voir l´intérêt, de nombreux pays de la région. d´après des indiscrétions, l´ouvrage, d´un coût approximatif d´un milliard de francs, devrait commencer à être construit d´ici quelques semaines pour s´achever avant la fin de l´année 2001. cependant, un certain nombre de questions restent sans réponses. l´arménie a imposé ces dernières semaines un black out total sur tout ce qui avait trait à cette question, refusant de donner le moindre détail, fut-ce-t-il accessoire. de son côté, le ministère arménien de l´industrie, par la voix de son porte-parole, se contente d´indiquer que « toute est fait pour réaliser le projet dans les semaines qui viennent », sans plus de détails. de ce pipeline, nous savons finalement très peu de choses, si ce n´est qu´il devrait avoir une longueur de 140 km, dont 40 km en arménie. les iraniens, pour leur part, disent qu´ils vont financer la construction du tronçon se trouvant sur leur territoire alors que l´arménie recherche des sources de financement extérieures pour la partie relevant de leur souveraineté. david zadoyan, ministre des infrastructures et vice premier ministre en virtuel, a affirmé à la presse que l´arménie avait « d´ores et déjà » trouvé le financement, refusant d´en dire plus. une information corroborée par des sources diplomatiques iraniennes qui affirment que les préparations étaient entrées « dans une phase finale » et que le prix du gaz devrait être fixé après la construction du pipeline. une victoire pour l´arménie qui s´est toujours plainte du prix exorbitant du gaz iranien en comparaison avec celui du géant gazprom, via sa société de distribution itéra. une fois construit, l´ouvrage permettra à l´arménie de réduire sa dépendance énergétique à l´égard de la russie dont les livraisons s´élèvent à 3 millions de mètre cubes par jour, soit le double de la capacité du futur gazoduc. quant à l´union européenne, elle souhaite que l´arménie ne soit pas le point final du gazoduc, mais que celui-ci soit prolongé jusqu´à la mer noire, d´où il pourrait être acheminé jusqu´en europe. autre intérêt de l´europe dans cette histoire : inciter l´arménie à fermer la centrale nucléaire de medzamor. une éventualité sans cesse rejetée par la classe politique arménienne qui voit dans cette installation la pierre angulaire de l´indépendance énergétique du pays. l´arménie souhaite t-elle monnayer la fermeture de medzamor en s´inspirant de la centrale nucléaire de tchernobyl ? difficile de répondre avec certitude tant les arcanes de la vie politique arménienne semblent opaques, mêmes aux arménien au faits de la vie intérieure du pays. si faouzi bensarsa, envoyé spécial de l´ue pour ces questions, semble préférer un transit vers l´europe via les ports géorgiens de la mer noire, téhéran refuse cette option, préférant un tracé terrestre à travers la russie, son grand allié régional. de plus, l´iran souhaite que moscou et kiev, deux des partenaires intéressés par le projet, utilisent leur réseau de distribution pour acheminer le gaz jusqu´en europe. mais une question subsiste. pourquoi la russie est-elle si intéressée à aider un concurrent aussi puissant que l´iran à exporter ses réserves de gaz ? deux explications semblent l´emporter. la première réside dans la participation d´une joint venture arméno-russe armrosgazprom dans le projet. la seconde paraît plus mercantile. sentant que l´arménie ne pourrait plus assumer seule sa dette gazière à son égard (113 millions de dollars au 30 juin), la russie, ne pouvant abandonner l´arménie à une pénurie qui serait fatale, semble s´être résignée au projet. autre intérêt : faire de l´ombre au projet transcaspien cher aux etats-unis. les efforts incessants des américains pour pomper le gaz naturel d´asie centrale et de l´acheminer vers les marchés internationaux semble irriter très fortement l´iran et la russie. d´autant qu´achkhabad semble donner ces derniers temps des signes de mauvaise humeur à l´égard des occidentaux. nul doute que si le projet iran-arménie devait se concrétiser, il constituerait un atout maître pour le turkménistan, lui permettant ainsi d´acheminer son gaz naturel vers l´europe sans passer par le projet transcaspien. officiellement, washington demeure opposé au projet de gazoduc iran-arménie en raison du « risque » que constituerait pour l´arménie de dépendre de l´iran. en réalité, l´explication est toute différente…
