« ce que nous voyons en turquie à l´heure actuelle est très triste mais inévitable » a affirmé un diplomate occidental. « en théorie, la population veut le changement, l´adhésion à l´union européenne, mais une fois qu´ils sont confrontés à la réalité, politiciens et hommes d´affaires reprennent leurs vieux réflexes ». les passions se sont brutalement déchaînées fin janvier lorsqu´il a été question de préparer une réforme fiscale en vue d´un très improbable intégration à l´ue. un parlementaire turc de l´opposition a même été frappé à la tête par un ministre de la coalition gouvernementale et membre des loups gris avant de mourir quelques temps plus tard d´une crise cardiaque. pour dogu ergil, professeur, « le bébé est mort né dans le ventre de sa mère. il n´y a pas de réformes sur la question des droits de l´homme, sur la question kurde, sur la démocratisation de la vie politique. et le bruit que nous entendons est celui de l´agonie ». des propos trop peu entendus en turquie mais qui traduisent bien l´état de décomposition de ce pays artificiel, fondé sur la haine et bâti sur les sépultures de nations assassinées. sans parler de la crise financière de la fin d´année qui aurait mené le pays à une banqueroute presque complète sans l´intervention du fmi. dans ce brouhaha ou chacun tire sur tout ce qui bouge, les militaires, comme à l´heure habitude, ont attendu que la situation devienne intenable pour monter au créneau. le général husseïn kivrikoglu, chef d´etat-major des armées turques, fait désormais souvent entendre sa vois alors qu´il avait été extrêmement discret depuis sa prise de fonction en 1998. dernier éclat de voix : l´amnistie accordée à 1000 combattants kurdes qui n´a pas été du goût des militaires. ecevit a bien essayé de répondre qu´il ne s´agissait pas de « terroristes mais de gens qui ont été « forcés » de collaborer avec le pkk », mais rien n? y a fait. quant au projet de télévision kurde, les généraux turcs ne veulent pas en entendre parler. quant à apo, condamné à mort et détendu sur son ile flottante d´imrali, au large d´istanbul, il a brisé son silence pour affirmer que la lutte armée pourrait reprendre si la turquie continuait à réprimer ses compatriotes. certains y voient le résultat d´un complot ourdi par de puissantes forces internationales qui veulent déstabiliser le pays. plus probablement le résultat de la politique d´ostracisme mené par ankara depuis le début des années vingt. et pas seulement contre les arméniens et les kurdes. syriens, bulgares, grecs, irakiens et iraniens ont leur lot de doléances à présenter à ankara. pour ne rien arranger, la situation macro économique frise le massacre. avec une inflation à trois chiffres et un surendettement frisant le suicide, les autorités turques font vivre le pays au dessus de ses moyens, jouant à la grande puissance et empruntant à tour de bras pour garantir la paix sociale. quant à la corruption, inutile de dire qu´elle est galopante. le fmi, la banque mondiale et l´union européenne estiment nécessaire que le pays règlent la corruption avant tout nouveau prêt significatif. les opérations mains propres se multiplient dans le secteur de l´énergie. l´affaire « beyaz enerji » fait la une des quotidiens depuis plusieurs semaines. la turquie est en sursis.
