selon la chaîne de télévision ans azerbaïdjanaise et le quotidien zerkalo de bakou, le président aliev a reçu le 25 décembre ahmed unal cevikoz, l´ambassadeur turc à bakou, sur demande de ce dernier. l´ambassadeur turc a assuré que le 58-ième gouvernement de son pays ne modifiera pas les orientations de la politique étrangère du pays, et qu´ankara n´a pas l´intention d´établir des relations avec l´arménie aussi longtemps que " le conflit du karabagh n´aura pas été réglé dans le contexte de l´intégrité territoriale de l´azerbaïdjan et des normes du droit international ". aliev, à son tour, a exprimé l´assurance que le nouveau gouvernement de la turquie ne modifiera pas sa position : " la turquie doit, aujourd´hui et demain, apporter le soutien le plus actif à l´azerbaïdjan, et la turquie le fera " a-t-il affirmé. en échange, " l´azerbaïdjan soutiendra toute décision de la turquie sur chypre ". selon le président azerbaïdjanais, le nouveau plan de règlement pour chypre proposé par le secrétaire général de l´onu, " n´est que cosmétique et ne résoudra pas le conflit. le but de ce plan est d´intégrer à n´importe quel prix la partie grecque de l´île à l´union européenne ". par ailleurs, le ministre des affaires étrangères vilayat gouliev a indiqué à l´agence touran que le chef du parti de la justice et du développement turc, recep tayyip erdogan, victorieux aux récentes élections législatives, visitera bakou les 7 et 8 janvier prochain, dans le cadre d´une tournée dans les pays turcophones. la déclaration de l´ambassadeur turc d´azerbaïdjan n´est pas unique dans son genre, plusieurs autres, du même cru, l´ayant précédé. tout a commencé par une déclaration le 15 décembre du nouveau ministre des affaires étrangères turc, yasar yakisi, qui, de visite aux etats-unis pour participer à la conférence de l´association turco-américaine, a déclaré : " nous développerons nos relations avec la russie, l´iran et l´arménie. nous prendrons bien sûre en compte les préoccupations de l´azerbaïdjan concernant la coopération arméno-turque, mais si nos intérêts économiques exigent que nous établissions des relations avec l´arménie, nous le ferons ". l´azerbaïdjan avait alors réagi alors avec violence à la déclaration de yakisi. pendant plusieurs jours, les médias du pays mirent en doute la véracité de la déclaration. le 17 décembre la chaîne de télévision ans les a réfutés en se référant aux explications données du premier ministre turc abdullah gul interrogé à ce sujet par des journalistes. selon gul, cité par ans, " ni yakisi, ni aucun autre membre de la délégation turque qui se trouvait aux etats-unis n´a répondu à une question quelconque relative à l´arménie. l´azerbaïdjan compte beaucoup plus pour la turquie que les relations économiques avec l´arménie. les problèmes nationaux et étatiques de l´azerbaïdjan font parti de l´agenda de la turquie. toute fausse man´uvre à l´égard de l´azerbaïdjan aboutirait au renversement de n´importe quel gouvernement turc ". le même jour l´attaché des questions économiques de l´ambassade turque à bakou est obligé de déclarer " le gouvernement turc est nouveau, mais sa politique demeurera inchangée et je crois qu´il n´y aura pas de modifications dans la position à l´égard de l´azerbaïdjan ". même son de cloche du côté du politologue hikmet hadjizadeh qui tente de convoyer son propre message, " la turquie ne peut avoir recours à de telles initiatives ". le lendemain, le porte-parole du ministère des affaires étrangères d´azerbaïdjan, metin mirza, n´hésitait pas à enfreindre tous les usages diplomatiques en démentant, en lieu et place de son homologue turc, les déclarations de yakisi, créant par là une situation pour le moins étrange. le 20 décembre, c´est au tour du ministre des affaires étrangères azerbaïdjanais vilayet gouliev d´intervenir en déclarant : " pour que l´arménie commence à coopérer avec la turquie, il faudrait que parallèlement au règlement du conflit du karabagh, elle renonce à l´idée du soi-disant génocide. exploitant l´idée du génocide auprès des grandes puissances, la diaspora arménienne se dresse contre l´adhésion de la turquie à la communauté européenne ".
en ce qui concerne la déclaration de yasar yakisi, notons que depuis le début du mois de décembre, la turquie n´a cessé d´alterner les déclarations positives et négatives à l´égard de l´arménie. ainsi, dans le registre positif, le 5 novembre, au lendemain de sa victoire politique, erdogan a téléphoné au président aliev et lui a déclaré entre autres que " la turquie continuera à se ranger aux côtés de l´azerbaïdjan sur la voie du règlement pacifique du conflit du karabagh ". une déclaration qui semble favorable à l´azerbaïdjan mais qui en fait se démarque clairement des déclarations belliqueuses de ce dernier, optant pour le règlement pacifique. le 29 du même mois, répondant à une question d´un journaliste étranger qui lui demande si la turquie reconnaîtra le génocide des arméniens, le même erdogan déclare : " il faut d´abord découvrir la réponse de cette question controversée en vérifiant si le génocide des arméniens a bien eu lieu ou non. sans une réponse vraie, la reconnaissance de cette question est impossible ". une réponse fuyante, positive pourtant dans le sens où elle diverge du négationnisme habituel de la turquie, mais qui pourtant reporte l´affaire aux calendes grecques pour " études historiques etc? ". toujours dans le registre des déclarations d´encouragement, noyan soyak, le vice-président du conseil pour le développement des relations d´affaires arméno-turques déclare le 17 décembre qu´en cas d´ouverture de la frontière arméno-turque, selon les estimations des officiels des ministères de l´industrie des deux pays la valeur de la circulation annuelle des marchandises entre eux atteindra 300 millions de dollars. dans ce cas, le commerce extérieur entre la turquie et les pays de l´asie centrale atteindra en trois ans la valeur de 1,5 milliard de dollars, alors que les frais de transport diminueront de 35%. dans le registre négatif enfin, à l´occasion de l´admission de l´arménie à l´omc, le représentant officiel turc de cette organisation déclare le 9 décembre que " dans les relations bilatérales la turquie ne garantit pas un régime de faveur à l´égard d´erevan, et se réserve le droit de ne pas se plier strictement aux exigences de l´omc à ce sujet ".
il est à noter que ces diverses prises de position turques interviennent parallèlement à une série de grands man´uvres américaines orienté à la fois sur ankara et erevan et qui soufflent tour à tour le chaud et le froid. cela est particulièrement vrai à l´égard de l´arménie vis-à-vis de laquelle les usa pratique singulièrement depuis début décembre la politique de la carotte et du bâton en exigeant notamment d´elle des concessions, dont la nature n´est pas révélée, pour un règlement du conflit du karabagh. de la turquie, les américains tentent d´obtenir l´ouverture de la frontière avec l´arménie, en lui faisant miroiter le fait que cela permettrait de pénétrer en profondeur vers l´asie centrale, ou en d´autres mots, d´accomplir son rêve pan-turquiste. c´est dans ce contexte que se tient le 11 décembre l´interview du co-président américain du groupe de minsk, rudolf perina, à la radio russe ekho moskvi. une interview qui laisse entrevoir la possibilité d´un règlement du conflit du karabagh, conformément, du moins en partie, aux désirs des arméniens. la turquie, elle, est ciblée le 17 décembre par le vice secrétaire d´etat us, mark grossman, lequel, lors de la conférence de l´association turco-américaine déclare qu´ankara doit continuer de déployer des efforts pour se réconcilier avec l´arménie : " je vous prie de lancer un appel au nouveau gouvernement de turquie de continuer les efforts pour une réconciliation arméno-turque ainsi que d´encourager les démarches privées dans ce sens pour que l´arménie et la turquie puissent avancer sur la voie de la réconciliation et du développement économique simultané ". dans le registre négatif, l´on apprend le 13 décembre que l´arménie sera placée sur la liste noire des etats-unis des pays qui soutiennent ou entretiennent des relations avec le terrorisme international. effectivement, parmi de nombreux pays arabes ou islamiques, l´arménie est l´unique pays chrétien qui se retrouve sur cette liste le 16 décembre, mais elle n´en fait déjà plus partie le lendemain, les etats-unis ayant admis que cette démarche a été le résultat d´un " quiproquo ". la mise en garde est sévère. encouragements et mises en garde ne manquent pas également au niveau international, orchestrés sans doute sous influence américaine. ainsi, le 10 décembre, l´arménie adhère enfin à l´omc, après de nombreuses et longues tentatives infructueuses, mais l´on ne sait pour quelle raison ou contre quelles garanties. jusque-là la question de son adhésion était liée à l´adhésion simultanée avec l´azerbaïdjan. toujours dans le registre positif, le 16 décembre, le général joseph ralstone, le commandant des forces communes américaines et de l´otan en europe, visite pour la première fois l´arménie. dans le registre négatif des mises en garde, un arménien est expulsé vers l´arménie par les philippines sous l´accusation d´avoir des liens avec le terrorisme international et de participer à des actes terroristes.
tous ces développements indiquent donc qu´il s´agit-là d´une nouvelle offensive régionale turco-américaine qui cible le caucase du sud et l´asie centrale avec une nouvelle intensité. quant à la motivation et au moment choisi pour cette offensive, elles semblent liées aux résultats du récent sommet de la communauté européenne tenu les 12-14 décembre. en effet, la turquie a enfin obtenu du sommet une date ferme qui ne pourra plus être remise pour l´examen de son adhésion à cette organisation. le résultat positif de cet examen ne fait presque pas de doute car la turquie a accepté en tant que membre de l´otan de lever son veto à l´accord qui prévoyait l´utilisation des ressources de cette organisation pour les opérations de maintien de la paix diligentée par l´europe. or, il s´agissait là d´une des cartes majeures de la turquie au service de son adhésion à l´union européenne. il est évident qu´une telle levée n´est envisageable qu´en contrepartie de garanties fermes quant à cette adhésion. mais cette victoire de la turquie sur le front européen n´a été possible que grâce au soutien sans faille des etats-unis qui ont ouvertement exercé des pressions sur ses alliés européens dans cette intention. grâce à ce résultat, le rôle et la place régionale de la turquie ont enfin été définis, du moins pour le futur proche. car jusqu´à présent cet etat, en mauvais terme avec tous ses voisins, ne faisait en réalité partie d´aucune région, un peu à l´instar d´israël, son unique allié géographiquement proche. ces changements qui tendent à minimiser le rôle de la russie dans cette région ont provoqué de sa part deux mise en garde sévères en direction de l´azerbaïdjan.
ainsi, le 15 décembre, le chef du service de sécurité nationale de la fédération russe, nicolaï patrouchev a annoncé l´expulsion du major-général azerbaïdjanais vakif rassoulov, convaincu d´espionnage pour le compte de son pays. rassoulov est également privé du droit de revenir en russie pour les 5 années prochaines. a moscou, il représentait l´azerbaïdjan dans l´etat-major pour la coopération militaire des pays de la cei. cette expulsion de rassoulov constitue une première. jamais auparavant un représentant des pays de la cei n´avait été accusé d´espionnage, ceux-ci s´étant engagé de ne pas s´espionner mutuellement, et tout se passant plutôt à l´amiable. l´expulsion de rassoulov s´apparente à un acte politique autant qu´à une procédure de sécurité. " la menace d´un danger sérieux contre la capacité de défense et la sécurité de la russie a été prévenu " annonçait très durement patrouchev en annonçant l´expulsion du général azerbaïdjanais. trois jours plus tard, le 18 décembre, sergueï yastrjembsky, l´aide du président poutine, accusait l´azerbaïdjan de livrer passage aux terroristes tchétchènes. même plus, il citait directement les noms de quelques fonds fonctionnant librement en azerbaïdjan, alors que la commission du conseil de sécurité de l´onu les a classés comme des organisations s´urs d´al-quaïda. le coup était dur et précis, et l´azerbaïdjan se voyait sévèrement mis en garde contre toute fausse man´uvre. quelques jours plus tard, les etats-unis renchérissaient : le 20 décembre, l´ambassadeur us de bakou, ross wilson, déclarait que son pays était en faveur d´une " intégration complète de l´azerbaïdjan à l´otan ", et n´avait pas exclu la possibilité d´une intégration collective des pays du guuam en son sein. cette fois-ci, la mise en garde s´adressait à la russie. tous ces développements annoncent-ils une résurgence de la rivalité russo-américaine au niveau de la région ? il faudrait pour cela que la russie s´apprête à s´opposer de toutes ses forces aux desseins régionaux des etats-unis. or, la passivité depuis le 11 septembre, la passivité russe face aux initiatives américaines dans la région semble indiquer autre chose, et les prises de position de moscou ne pourrait être que de pur principe face à face à des man´uvres turco-américaines qui l´évacue du jeu régional. car en réalité, la conduite de la russie tout au long de cette année donne à penser que compte tenu de ses capacités actuelles, elle ne brigue, pour le moment tout au moins, que le rôle de partenaire " junior " des etats-unis dans la région. nam, bureau d´erevan.
Ankara-Erevan-Bakou : Le point sur les grandes man’uvres américaines et les petites avancées turques
Se Propager
La rédaction vous conseille
A lire aussi
Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération
- by Jean Eckian
Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des
- by Krikor Amirzayan
Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»
- by Krikor Amirzayan