Gaguik Jahnaguirian, qui assumait depuis de longues années la fonction de chef du parquet militaire d’Arménie, a été relevé de ses fonctions par le président Kotcharian qui l’a nommé à un poste moins important. Le communiqué du service de presse de la présidence arménienne ne donne pas de raison pour la décision du président Kotcharian de limoger ce procureur qui avait failli l’impliquer dans la tuerie d’octobre 1999 du Parlement arménien. Citant un autre décret présidentiel, il indique que M. Jahanguirian assumera la fonction assumée jusque là par son suppléant, le procureur-général adjoint Arme Khatchatourian. Ce dernier avait pour mission de promouvoir et de sanctionner les procureurs en poste, de contrôler les activités de la cour et de gérer les finances du bureau de la procurature générale. Dans les hautes sphères du parquet, on affirme que la nouvelle fonction de M. Jahanguirian ne constitue pas une rétrogradation, mais dans les milieux judiciaires, on ne partage pas cet avis. M. Jahanguirian n’a pas commenté cette décision, mais selon son entourage, elle lui aurait plutôt déplu. M. Jahanguirian, qui occupait ce poste important depuis neuf ans, avait joué un rôle déterminant dans les procédures qui avaient suivi l’assassinat dans l’enceinte du Parlement de Erevan en octobre 1999 du premier ministre Vasken Sarksian, du président du Parlement Karen Démirchian, et de six autres responsables. Conduisant l’enquête criminelle sur cette tuerie qui n’a pas encore révélé tous ses mystères, Jahanguirian s’était de fait aligné sur les positions d’une aile du gouvernement de l’époque qui suspectait le président d’avoir commandité la tuerie. Le chef de l’administration présidentielle de l’époque, Alexandre Haroutounian, figurait parmi les nombreuses personnalités suspectées d’avoir aidé le commando de cinq hommes à pénétrer dans le Parlement pour en prendre les députés en otages. Les suspects seront tous libérés après que Kotcharian eut remporté en mai 2000 la lutte qui avait déchiré le pouvoir. Jahanguirian avait alors présenté sa démission, en signe de protestation contre la décision de Kotcharian de l’empêcher de présenter les conclusions de son enquête devant le Parlement. Sa démission fut rejetée, mais il fut mis à l’écart de l’enquête qui se poursuivait sur les possibles commanditaires de la tuerie.
