La Russie s’est vu notifier officiellement par la Biélorussie l’imposition d’un droit de transit sur ses exportations de pétrole, mais ne pense pas que l’aggravation de leur différend commercial va perturber les approvisionnements en Europe, a annoncé jeudi le Kremlin. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a décidé de demander à la Russie 45 euros par tonne de pétrole transitant sur son territoire. Cette mesure est une réponse à la décision de Moscou de cesser de vendre à la Biélorussie son pétrole à un tarif préférentiel. « A de nombreuses reprises, la Russie a prouvé qu’elle était un fournisseur fiable et les livraisons ne sont pas menacées », a déclaré un porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov. « Il s’agit ici des relations bilatérales entre la Russie et la Biélorussie, mais rien de nature à entraver la livraison de nos ressources énergétiques à des pays tiers. » Il a précisé que la Russie étudiait une nouvelle directive biélorusse ayant pris effet le 1er janvier qui crée une taxe sur le pétrole russe transitant en Biélorussie par le réseau d’oléoducs Droujba (« Amitié »). A Bruxelles, Ferran Tarradellas Espuny, porte-parole de la Commission européenne, a également estimé que la nouvelle taxe n’aurait aucun impact sur les approvisionnement énergétiques de l’UE. Au total, 90 millions de tonnes de pétrole ont transité l’année dernière par la Biélorussie, via l’oléoduc Droujba vers les raffineries polonaises et allemandes, ou par un tronçon plus au sud à destination de la Slovaquie, de la République tchèque ou de la Hongrie. Ces volumes correspondent aux deux tiers des exportations russes de brut. La Russie a longtemps été l’allié le plus sûr de Loukachenko, l’ouverture des anciennes républiques soviétiques ayant contribué à isoler celui que Washington présente comme le dernier dictateur d’Europe. Mais le président biélorusse s’est montré très irrité par des décisions « extrêmement inamicales » de la Russie à l’égard de la Biélorussie et présenté la nouvelle taxe comme la réponse de Minsk. La Biélorussie a notamment été contrainte d’accepter dimanche le doublement du prix de ses importations de gaz russe.
