les récents accords russo-géorgiens, qui ont fixé à 2008 l´échéance de l´évacuation des bases militaires russes en géorgie ont confirmé le divorce stratégique entre moscou et tbilissi, les géorgiens ayant résolument mis le cap sur l´occident en appuyant leur politique de défense et de sécurité sur l´otan. ce choix, fortement influencé par les intérêts stratégiques des américains liés au transit du pétrole de la mer caspienne par la géorgie vers la turquie, suscite certaines inquiétudes en arménie, dont la russie reste le partenaire stratégique malgré sa volonté de se rapprocher de l´otan. en vertu des accords russo-géorgiens, les soldats russes devront ainsi quitter les deux dernières bases qu´ils occupent encore en géorgie, dont celle d´akhalkalak, dans la province méridionale du djavakhk, limitrophe de l´arménie et peuplée majoritairement d´arméniens, dont l´essentiel des maigres revenus économiques était assuré par la présence militaire russe.
au-delà de l´aspect économique, les arméniens du djavakhk considèrent les soldats russes comme les garants de leur sécurité, que la géorgie ne pourrait assumer, singulièrement face au voisin turc, comme cela s´était produit au début du 20e siècle. les arméniens de la région redoutent que le départ des soldats russes ne crée un vide dans lequel s´engouffreront les soldats turcs, en prenant argument de la protection de l´oléoduc bakou-tbilissi-ceyhan, comme l´a fait remarquer sergueï sarksian, expert au centre d´analyse stratégique spectrum.
selon le spécialiste, la turquie s´est vue assigner un rôle clé dans les programmes de l´otan au sud-caucase. et si le dispositif de protection de l´oléoduc, sous l´égide des instances internationales, ne constitue pas une menace directe pour les intérêts arméniens, la turquie pourrait néanmoins chercher à en tirer avantage stratégiquement, a indiqué le spécialiste arménien, qui estime qu´en raison de sa proximité géographique et de son rôle au sein de l´otan, elle sera amenée à prendre une part active au déploiement militaire dans le cadre de ce programme. une telle présence militaire turque, au contact des populations arméniennes de la région, risque de provoquer des tensions, conclut l´analyste.
