Q – Quelle est la position de la France sur les demandes exprimées par Chypre ?
R – Ce point a été évoqué par le ministre chypriote et j’ai moi-même dit naturellement que ce point de la reconnaissance ou de la normalisation n’était pas juridiquement un préalable, mais qu’en revanche, politiquement ou moralement c’était difficilement compréhensible et donc qu’il fallait aller dans le sens de la normalisation. Juridiquement, on ne peut pas en faire un préalable mais cette normalisation est nécessaire et logique.
J’ai d’ailleurs évoqué ce matin dans mon intervention un autre point, important pour les Français et pas seulement pour eux. Il est question, dans l’un des paragraphes du projet de conclusions sur les conditions de négociations avec la Turquie, de s’assurer des bonnes relations de la Turquie avec ses voisins. J’ai évoqué notamment, parmi d’autres, le cas de l’Arménie. Et à propos de l’Arménie, j’ai également évoqué la demande que fera la France, dans le courant de la négociation, d’une reconnaissance de la tragédie du début du siècle qui a touché plusieurs centaines de milliers d’Arméniens. Si, comme je le crois, le projet européen depuis cinquante ans est fondé sur l’idée de la réconciliation, réconciliation entre nous – la France et l’Allemagne ont fondé ce projet sur cette idée de réconciliation -, et puis, réconciliation avec soi-même, alors je pense que la Turquie, le moment venu, devra faire ce travail de mémoire et de réconciliation avec sa propre histoire et reconnaître cette tragédie.