Selon l’agence de presse Anatolie cinq journalistes turcs risquent de six à dix ans de prison pour avoir critiqué la décision d’un tribunal turc de bloquer la tenue d’une conférence sur le génocide des Arméniens sous l’empire ottoman,.
L’agence a indiqué vendredi que les journalistes ont été inculpés par un procureur en vertu d’articles de loi punissant les injures à magistrat et les tentatives d’influencer la justice.
Les inculpés sont quatre journalistes du quotidien libéral Radikal, le rédacteur en chef Ismet Berkan, Erol Katircioglu, Haluk Sahin et Murat Belge, ainsi que Hasan Cemal, éditorialiste pour le quotidien à grand tirage Milliyet.
L’Union européenne avait pourtant récemment averti Ankara de la nécessité de respecter la liberté d’expression, après que plusieurs intellectuels, dont le célèbre romancier Orhan Pamuk, eurent été inculpés pour avoir exprimer leurs opinions.
Commentant cette décision sur la télévision NTV Ismet Berkan a déclaré «la Turquie a réalisé des progrès significatifs dans son processus d’adhésion à l’UE, mais cette affaire prouve que nous n’avons pas encore atteint les normes européennes» en termes de droits de l’homme.
Rappelons qu’en septembre dernier, un tribunal, saisi par un groupe de nationalistes, avait bloqué la tenue d’une conférence organisée par des intellectuels qui mettent en cause la position officielle de la Turquie sur le génocide des Arméniens survenus pendant la Première guerre mondiale et que pour déjouer la décision du tribunal ses organisateurs avaient changé de lieu.
La justice turque avait alors été sévèrement critiquée, notamment par l’UE et même par le gouvernement turc, qui soutenait la tenue de la conférence afin de prouver sa tolérance envers les opinions critiques.