Les autorités catholiques en Turquie évoquaient lundi 6 février un acte de la mafia ou une réaction à la publication en Europe de caricatures du prophète Mahomet comme les principales pistes après le meurtre d’un prêtre catholique italien à Trabzon.
« Un prêtre rattaché au vicariat d’Anatolie, dont dépend l’église de Trabzon, nous a indiqué qu’il pourrait s’agir d’un crime commis par la mafia de la prostitution », a déclaré le Père Georges Marovitch, porte-parole de la Conférence épiscopale de Turquie.
« Il y avait des pauvres femmes prostituées originaires des pays de la mer Noire qui venaient à l’église, et lui (Andrea Santoro, le prêtre assassiné, ndlr), il essayait de les aider à sortir de ce bourbier », a-t-il expliqué.
Le père Marovitch, représentant du nonce apostolique à Istanbul, a précisé que la communauté catholique de Trabzon ne comptait qu’une dizaine de fidèles, auxquels s’adjoignaient pour les offices « beaucoup de gens de la mer Noire ».
Trabzon, ville située sur le littoral de la mer Noire, et ses environs sont connus pour être un centre du trafic de femmes venant des anciennes républiques ex-soviétiques et forcées à se prostituer.
« Il peut aussi s’agir d’une réaction aux caricatures de Mahomet » publiées dans la presse européenne, qui ont soulevé une vague d’indignation et de violences dans le monde musulman, a toutefois estimé M. Marovitch.
Le nonce apostolique en Turquie Antonio Lucibello a confirmé que le prêtre assassiné travaillait à « récupérer » des femmes tombées dans la prostitution, mais a mis en avant la piste d’une réaction aux caricatures.
« Le meurtrier en s’échappant a crié ‘Allah est grand’, et pour qui sait lire ces choses… » a commenté M. Lucibello.
« Il n’est pas possible qu’un jeune homme de 16 ou 17 ans (l’âge estimé du meurtrier, selon des témoins) fasse partie du racket de la prostitution », a-t-il ajouté.
Le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gul a présenté par téléphone ses condoléances à son homologue italien Gianfranco Fini, évoquant un « acte isolé sans lien avec des organisations terroristes », selon un communiqué de l’ambassade d’Italie à Ankara cité par l’agence de presse Anatolie.
M. Gul avait auparavant espéré que ce crime ne nuirait pas au « climat de tolérance » régnant en Turquie, qui a entamé en octobre des négociations d’adhésion à l’Union européenne.
M. Fini a assuré que « cet événement tragique ne pourrait pas assombrir les excellentes relations établies entre la Turquie et l’Italie », selon le communiqué de l’ambassade d’Italie.
La dépouille du père Santoro devait être transportée à Istanbul puis rapatriée en Italie.
Selon la presse, le père Santoro était en Turquie depuis cinq ans. Il avait travaillé trois ans dans une église à Mardin (sud-est), avant de se rendre à Trabzon.