1ère séance du mercredi 22 mars 2006
Séance de 15 heures
76ème jour de séance, 179ème séance
PRÉSIDENCE de M. Jean-Louis DEBRE
M. Jean-Michel Dubernard – Ma question s’adresse à M. le ministre des affaires étrangères. Samedi dernier à Lyon, un an après que l’on a posé en présence de M. Perben la première pierre d’un mémorial commémorant le génocide arménien, des associations franco-turques, fortes de 2500 à 3000 participants, ont manifesté, portant des banderoles et des pancartes négationnistes tels que « il y a jamais eu de génocide » ou « nous sommes fiers de notre passé ». Selon la presse locale, le consul de Turquie aurait déclaré que ce mémorial est une provocation et qu’il n’y avait pas de vérité historique en ce domaine.
La communauté arménienne et les Français d’origine arménienne en ont été blessés, comme les députés l’ont constaté à Lyon, dans la région et ailleurs en France, ainsi que me l’a signalé M. Raoult pour la Seine-Saint-Denis.
De nombreux Français s’inquiètent de la montée du communautarisme, et avec raison. Quel est votre sentiment ? J’ajoute que les engagements pris par les organisateurs auprès de la préfecture n’ont pas été respectés, pas plus que la loi de janvier 2001 (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP).
Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie – Suite à ces incidents violents qui ont suscité une très forte émotion chez nos compatriotes d’origine arménienne, dont nous sommes solidaires, notre ambassadeur à Ankara est immédiatement intervenu auprès des autorités turques sur le tort que portait à l’image de leur pays de telles manifestations faisant une large place au mouvement nationaliste turc. Nous regrettons en particulier que, d’après les déclarations reproduites par la presse, le nouveau consul général de Turquie à Lyon n’ait pas tenu compte des appels à la retenue..
M. Maxime Gremetz – C’est le ministre de l’Intérieur qui a autorisé cette manifestation !
Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie – …lancés par le ministre turc des Affaires étrangères.
La France ne manque jamais une occasion d’inviter la Turquie à faire un authentique travail de mémoire. C’est d’autant plus nécessaire que la Turquie a indiqué publiquement sa volonté d’adhérer aux valeurs de l’Union européenne, parmi lesquelles la réconciliation (Murmures sur les bancs du groupe UDF. Le ministre des Affaires étrangères, en visite à Ankara en février l’a encore rappelé.
Ces incidents sont d’autant plus regrettables que la Turquie a commencé à engager ce travail de mémoire, en organisant des conférences et des séminaires sur la question arménienne. Un débat s’ouvre, qu’il appartient aux autorités turques d’encourager. Nous y serons vigilants. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP)