Les déclarations belliqueuses du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, qui se font de plus en plus insistantes depuis l’échec de la rencontre arméno-azérie de Rambouillet le mois dernier, ne sont que gesticulations et propos populistes à usage intérieur… C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le ministre arménien des affaires étrangères, Vartan Oskanian, dans un entretien accordé dernièrement à une chaîne de télévision arménienne. Excluant l’éventualité d’une reprise des hostilités avec le voisin azéri, le chef de la diplomatie arménienne a affirmé que les responsables azerbaïdjanais ne voudraient pas prendre le risque d’une nouvelle guerre contre les Arméniens à laquelle ils ne sont de toute manière pas préparés. Il a ajouté que les Arméniens n’étaient aucunement impressionnés par la rhétorique guerrière des Azéris, qui n’ont aucune chance de leur faire changer de position en agitant la menace de la guerre. Si aujourd’hui, l’Azerbaïdjan n’est pas prêt à un compromis pour régler le conflit du Haut Karabagh ni n’ose franchir le pas en vue d’un compromis, il prendre encore moins le risque de vouloir le régler par la force, a poursuivi le ministre arménien qui estime que les Azéris peuvent obtenir bien davantage par la voie des négociations, en concédant ce qu’ils ont déjà perdu de fait. Ils ont tenté l’option militaire à deux reprises, la troisième serait la dernière, a indiqué M. Oskanian, ajoutant que l’Azerbaïdjan y perdrait beaucoup et que le pouvoir en place à Bakou sait pertinemment qu’il n’y survivrait pas. Sans oublier l’aspect économique du problème, des milliards de dollars ayant été investis en Azerbaïdjan, qui devra rendre compte à ses bailleurs de fonds s’il se lance dans des opérations militaires qui risquent de réduire à néant ses ambitions économiques.
Il n’en reste pas moins que les trois coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE en charge du dossier du Haut Karabagh, dans une déclaration commune déplorant l’impasse dans laquelle s’étaient fourvoyé le processus de négociations lors de la rencontre de Rambouillet, ont rappelé à l’ordre les autorités d’Azerbaïdjan comme d’Arménie, les pressant de « préparer leurs opinions publiques respectives à la paix et non pas à la guerre ». Dans cette déclaration, les médiateurs russe, américain et français, tout en « réaffirmant leur foi dans le progrès accompli au cours des dix-huit derniers mois de négociations… appellent chacune des parties à consolider les principes fondamentaux déjà énoncés en vue de parvenir à un accord en 2006 ». Ils ont réaffirmé leur conviction selon laquelle l’année 2006 serait propice à des progrès considérables, en regrettant que les discussions aient marqué le pas si près du but. Les coprésidents du Groupe de Minsk, dont la prochaine réunion est prévue le 20 mars à Istanbul, ont annoncé qu’ils fixeraient les dates de leur prochaine tournée dans la zone du conflit après avoir évalué la disposition de chacune des parties à reprendre le cours des négociations.
C’est dans ce contexte que l’ambassade des Etats-Unis a diffusé un communiqué par lequel il déconseille les ressortissants américains à se rendre dans différentes régions d’Arménie frontalières de l’Azerbaïdjan. Ce texte concerne plus précisément la région nord-est de l’Arménie, où la route reliant Ijévan à Noïembérian, sur son tronçon entre Kirants et Voskévan, est jugée particulièrement dangereuse, en raison des nombreux cas de violations du cessez-le-feu survenus au cours des dernières années dans cette zone frontalière. Par ailleurs, l’ambassade américaine recommande à ses ressortissants de ne pas s’aventurer en dehors des principales villes d’Arménie et déconseille les voyages de nuit et plus généralement en hiver, ce qui est plus curieux, l’Arménie ayant généralement la réputation d’être une destination sûre pour le voyageur…
