Le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi a accusé lundi 3 avril de chantage le président chinois Hu Jintao qui a proposé de reprendre les rencontres au sommet avec le Japon à condition que les dirigeants nippons renoncent à visiter le sanctuaire patriotique du Yasukuni à Tokyo.
« Aucun autre pays n’oserait dire: +Je vous rencontrerai si vous acceptez telle condition+ ou bien +Je ne vous rencontrerai pas puisque vous n’avez pas accepté cette condition », a déploré M. Koizumi.
« Je pense qu’il n’est pas raisonnable de dire qu’il n’y aura pas de sommets (bilatéraux) à cause d’une divergence d’opinion sur une seule question », a estimé le Premier ministre nippon.
« Je crois qu’il est plus approprié de développer des relations amicales à travers un dialogue lorsque nous sommes confrontés à un problème ou à un désaccord », a plaidé M. Koizumi.
Ce dernier réagissait devant le Parlement aux récents propos du numéro un chinois qui a lié la reprise des sommets entre les deux pays, aujourd’hui gelés, à l’arrêt des visites de M. Koizumi au sanctuaire du Yasukuni, haut lieu spirituel du nationalisme nippon.
Le bras droit de M. Koizumi, Shinzo Abe, considéré comme son dauphin, a dénoncé l’ingérence de Pékin dans des affaires intérieures du Japon, arguant que le Japon ne saurait avoir « tous les torts » dans la grave crise qui oppose les deux voisins et rivaux.
Ces propos trahissent une exaspération grandissante à Tokyo devant l’insistance de Pékin à soulever le contentieux du Yasukuni à la moindre occasion, et une volonté de plus en plus affirmée de ne pas céder à ce que nombre de Japonais considèrent comme un chantage diplomatique de Pékin.
Situé au centre de Tokyo, ce monument shintoïste honore les âmes de 2,5 millions de Japonais morts pour la patrie, parmi lesquels 14 criminels de guerre condamnés par les Alliés après 1945.
Les Chinois et les Coréens considèrent les visites annuelles de M. Koizumi comme une glorification du passé militariste nippon.
Les relations entre les deux géants asiatiques sont au plus bas depuis leur normalisation diplomatique (1972), une crise qui se nourrit d’ambitions géopolitiques rivales, d’une course aux ressources énergétiques en mer de Chine orientale et de contentieux historiques régulièrement ravivés.