Le Kazakhstan, en accueillant samedi à Almaty une dizaine de chefs d’Etat pour le deuxième sommet de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), s’impose un peu plus en leader de l’Asie centrale, une région stratégique minée par l’instabilité.
Cette conférence est née d’une proposition en 1992 du président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, qui vise depuis l’indépendance de son pays, un an plus tôt, à s’imposer comme un leader régional, interlocuteur des grandes puissances.
Si le programme des discussions entre les représentants des 17 pays d’Eurasie constituant la CICA est vague, la liste des invités est, elle, impressionnante, avec notamment le président russe Vladimir Poutine, son homologue chinois Hu Jintao, le Pakistanais Pervez Musharraf ou encore l’Afghan Hamid Karzaï.
« C’est un grand moment pour Nazarbaïev. Il faut reconnaître qu’il y a encore quelques années, personne n’imaginait qu’un pays jeune comme le Kazakhstan pouvait accueillir un tel monde », note Edouard Poletaïev, qui dirige la revue d’analyse respectée la Paix en Asie.
Mais ce club de pays asiatiques, fondé en 1999 et qui a tenu son premier sommet en 2002 à Almaty, doit encore réussir à définir son utilité en se fixant des objectifs concrets, au lieu de déclarations abstraites sur la sécurité et la stabilité régionale.
« Il faut que la CICA détermine un réel contenu, adopte des documents avec des visées concrètes et pas à simple valeur déclarative comme en 2002 », remarque M. Poletaïev.
D’autant que la région a besoin de confiance interétatique, qu’il s’agisse de régler les disputes territoriales entre les républiques d’ex-URSS, de la rivalité traditionnelle entre l’Inde et le Pakistan, ou encore du conflit israélo-palestinien, dont les protagonistes sont membres du CICA.
« La Conférence, pour être un succès, doit réussir à terme à devenir un véritable forum de dialogue sur des problèmes concrets, où par exemple Indiens et Pakistanais s’assoient à la table des négociations », conclut l’analyste.
En attendant, aucun grand évènement n’est attendu samedi, l’objectif annoncé étant d’établir un Secrétariat général permanent à Almaty et d’adopter une déclaration commune sur des questions générales, telles la lutte contre le trafic de drogue, le terrorisme et l’extrémisme.
La CICA sera sans doute l’occasion d’aborder face à un public élargi, les résultats du sommet jeudi de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS: Russie, Chine, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Ouzbékistan), qui se positionne en contrepoids à l’influence américaine en Asie.
« Les résultats du sommet de Shanghai seront au centre des discussions à Almaty, ce sera juste l’occasion de les présenter face à une assemblée élargie. Rien d’étonnant n’en sortira », estime un diplomate occidental.
Reste que ce sommet sert le grand objectif de Noursoultan Nazarbaïev de s’imposer sur la scène internationale comme l’animateur d’une coopération et d’une intégration politique et économique en Asie centrale, une région qui dispose, à l’image du Kazakhstan, de gigantesques réserves d’hydrocarbures.
« Pour y parvenir, le Kazakhstan occupe une position parfaite. Au carrefour de l’Asie, il est aussi l’un des rares pays de la région où la stabilité politique et nationale règne, avec aucun conflit notable entre la centaine de nationalités qui peuplent le pays », note un diplomate kazakhe.
