La presse russe voyait lundi 18 septembre 2006 dans le référendum organisé la veille dans la région séparatiste pro-russe moldave de Transdniestrie un exemple du jeu ambigu du Kremlin, soutenant les séparatismes en ex-URSS sans se risquer à intégrer ou reconnaître ces régions pro-russes.
« Les habitants de Transdniestrie se sont acquittés de la tâche que le pouvoir leur avait confiée », écrit le journal d’opposition Kommersant, en votant en masse (à 97,1%, selon des résultats publiés lundi) en faveur du rattachement à la Russie.
Cependant, « la majorité des Transdniestriens sont persuadés que l’union avec la Russie n’aura pas lieu demain. Et les autorités locales savent qu’elle peut ne jamais se produire », ajoute le journal, évoquant le rôle symbolique de ce référendum, un pied-de-nez à la Moldavie, ex-république soviétique faisant partie de celles, comme la Géorgie, qui ont tourné le dos à Moscou.
« Mais alors pourquoi les autorités de Transdniestrie ont tout d’un coup organisé un référendum? Et pourquoi Moscou n’essaye même pas de cacher sa sympathie pour cette mesure? », écrit l’analyste Guennadi Sysoev dans une chronique publiée par Kommersant.
« La réponse est évidente. Le référendum en Transdniestrie est censé ajouter un atout dans le jeu de cartes (russe) dans l’espace post-soviétique », considéré par Moscou comme son pré-carré, ajoute M. Sysoev.
Et le soutien russe à ce référendum, bien que Moscou reste prudent quant à toute reconnaissance officielle, s’inscrit dans un jeu de soutien aux séparatistes dans les ex-républiques soviétiques jugées infidèles.
« L’unique résultat de ce vote est le renforcement de l’autorité de la direction de la république », farouchement pro-russe, à l’approche de la présidentielle locale, écrit le quotidien des affaires Vedomosti.
Tout en notant le jeu de Moscou dans l’affaire, il souligne que, prudente, « la Russie ne s’est pas prononcée pour une reconnaissance du référendum ».
« La Russie a appelé à ne pas considérer le référendum comme une tentative de tendre la situation dans la région », assure le journal officiel Rossiïskaïa Gazeta, alors que Moscou n’a pas commenté lundi matin la victoire du « oui ».