Le déferlement de la violence a transformé l’Irak en « piège pour tout le monde », la population, notamment chrétienne, mais aussi les soldats américains, a souligné mardi 12 septembre 2006 l’archevêque de Bagdad pour les catholiques latins, Mgr Jean Benjamin Sleiman.
« Le piège s’est refermé sur tous, les Irakiens en général (…) mais les Américains aussi », a déclaré à la presse Mgr Sleiman, qui publie un témoignage intitulé « Dans le piège irakien » (Presses de la Renaissance). « S’en aller serait renoncer à la reconstruction, s’ils restent ils ont encore beaucoup de défis à relever ».
Les chrétiens, eux, sont pris dans « le piège de la peur », une crainte permanente qui les conduit à s’exiler en masse, a-t-il poursuivi, rappelant toutefois que l’idée qu’ils jouissaient d’une protection sous le régime de Saddam Hussein est « une légende ».
Reconnaissant qu’il existe « un grand risque de virer vers une République islamique », Mgr Sleiman a plaidé pour le processus de réconciliation nationale initié par le gouvernement, soulignant: « On ne peut pas mettre en Irak les sunnites de côté.
L’Eglise catholique latine, d’origine missionnaire en Irak où elle s’est implantée au début du XVIIe siècle et où domine l’Eglise chaldéenne (également catholique), ne compte plus guère que 3.000 fidèles dans ce pays.
Mais « toutes les églises fonctionnent », a assuré Mgr Sleiman, « ce qu’on a aménagé, ce sont les horaires » pour éviter des célébrations le soir.
« Malheureusement, le plus gros du travail, aujourd’hui, c’est de signer des certificats de baptême et d’état libre pour les gens qui veulent s’en aller », a-t-il déploré. « Les jeunes rêvent leur avenir ailleurs. Si on rétablit la paix, certainement ce désespoir va reculer ».
Mgr Sleiman, né au Liban et installé depuis 2001 en Irak, effectue une tournée de conférences en France qui le conduira notamment à Bordeaux, Toulouse et Lyon.
