« Demi-Lune », le film iranien banni par Téhéran donne aux femmes et aux kurdes leur voix

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Le film « Demi-lune » de l’Iranien Bahman Ghobadi, diffusé en première mondiale au festival de Toronto, donne une voix aux kurdes et aux femmes, interdites de chanter en public depuis la révolution islamique, ce qui lui a valu d’être censuré par Téhéran, affirme son réalisateur.

« Niwemang », demi-lune en farsi, raconte le périple d’un vieux compositeur du Kurdistan iranien, Mamo, vers l’Irak où il est attendu pour un concert en sol kurde à la suite de la chute du régime de Saddam Hussein.

Après avoir attendu sept mois son autorisation pour se rendre dans le pays voisin, Mamo traverse les montagnes du nord de l’Iran, recrutant dans différents villages ses fils, aussi musiciens.

A la recherche d’une « voix céleste » pour accompagner l’ensemble, le vieil homme défie la loi iranienne en invitant une chanteuse à se joindre au groupe, qui devient aussitôt illégal et traqué par les garde-frontières.

Mais les militaires iraniens dénichent la « voix céleste » et brisent les instruments du groupe. Découragé, Mamo tente de joindre l’Irak par le Kurdistan turc – car les Kurdes vivent à cheval sur la Syrie, la Turquie, l’Irak et l’Iran.

Dans une bourgade en Turquie, le vieil homme tombe sur une autre femme à la voix d’or qui lui promet de traverser la frontière irakienne.

Tourné en Iran et en Irak, le film de Bahman Ghobadi (« Un temps pour l’ivresse des chevaux » (2000), « Chansons du pays de ma mère (2002) », inclut des scènes où une femme est accompagnée par un ensemble musical.

Depuis la révolution islamique en 1979, les femmes ne sont pas autorisées à chanter ou à jouer d’un instrument de musique en public, à moins qu’elles se produisent devant d’autres femmes.

« J’ai reçu des coups de téléphone et des courriels de chanteuses qui voulaient être actrices et je leur ai demandé pourquoi ne voulez-vous pas chanter plutôt que jouer », explique le réalisateur lors d’un entretien à Toronto.

« Il y a de cela deux jours, ils ont censuré mon film…Le ministre iranien de la Culture (Mohammad-Hossein Saffar-Harandi) m’a dit ne pense plus à ce film, concentre-toi sur ton prochain projet », ajoute le cinéaste fraîchement arrivé au Canada pour la première mondiale de son film.

« Si j’avais su j’aurais mis encore plus de musique dans le film », assure M. Ghobadi dont l’oeuvre a été commandée par la ville de Vienne, en Autriche, dans le cadre des célébrations du 250e anniversaire de naissance de Mozart, cette année.

Les autorités autrichiennes ont financé sept cinéastes de pays non occidentaux dont les films ont été diffusés en première mondiale au festival de Cannes, à la Mostra de Venise, et au Festival international des films de Toronto.

Le film de Bahman Ghobadi aborde un autre sujet délicat en Iran: la question kurde, Téhéran craignant la formation d’un Etat kurde dans les pays voisins ou sur son sol.

« Tous les Kurdes sont les mêmes peu importe s’ils vivent en Turquie, en Irak ou en Iran », explique le réalisateur qui préfère ne pas polémiquer sur cette question. « Les kurdes d’Iran sont iraniens », précise-t-il.

« J’ai dû me censurer à moitié », affirme le réalisateur dont l’oeuvre, subtile, contemplative et à la fois débordante d’humour, est truffée d’allégories.

D’autres films iraniens seront projetés au festival de Toronto dont « A few days later » de la réalisatrice Niki Karimi, et « Mercy » de Mazdak Taebi, une coproduction irano-canadienne.

La 31e édition du festival de Toronto, qui se poursuit jusqu’au 16 septembre, propose cette année 261 longs métrages dont 106 premières mondiales.

Contrairement à la Mostra de Venise ou au festival de Cannes, le festival de Toronto ne décerne pas de prix prestigieux hormis celui du public.

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Author: raffi

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