La Géorgie a accusé lundi 4 septembre 2006 les rebelles ossètes d’avoir tenté d’abattre en août un hélicoptère avec à son bord le président Mikheïl Saakachvili et des sénateurs américains, au lendemain de l’annonce d’une attaque identique contre le ministre géorgien de la Défense.
Moscou a immédiatement réagi, accusant à son tour Tbilissi de se livrer à « une provocation » en survolant avec des appareils militaires la région séparatiste géorgienne d’Ossétie du Sud, et de préparer ainsi le terrain pour une éventuelle opération militaire.
Le ministère géorgien de l’Intérieur a affirmé lundi qu’un missile avait été tiré le 28 août vers l’hélicoptère transportant le président Saakachvili et un groupe de sénateurs américains mené par le républicain John McCain.
« Un missile anti-aérien Strela-2 a été tiré depuis le village (ossète) d’Avnevi. La charge a explosé près de l’hélicoptère », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Selon le ministère, un fragment du missile, fabriqué en Russie, a été retrouvé et présenté aux responsables américains. Il n’était immédiatement pas possible de confirmer cette information de source indépendante.
Le ministre géorgien de l’Intérieur Irakli Okrouachvili a annoncé dimanche soir à Tbilissi avoir échappé à des tirs sur son hélicoptère au-dessus de l’Ossétie du Sud, contraignant l’appareil à faire un atterrissage d’urgence en zone séparatiste.
Le gouvernement séparatiste d’Ossétie du Sud a reconnu le tir contre l’hélicoptère de M. Okrouachvili mais n’a pas commenté l’information sur l’attaque contre celui du président.
« En juillet-août, les hélicoptères géorgiens ont violé à douze reprises l’espace aérien dans la zone de conflit entre la Géorgie et l’Ossétie. Nous qualifions de provocation ces actes des autorités géorgiennes », a déclaré à Moscou le porte-parole de la diplomatie russe Mikhaïl Kamynine.
Cette zone est sous le contrôle de forces de paix essentiellement russes.
Ces actes « visent à saper le processus de règlement pacifique et témoignent de ce que la Géorgie prépare ouvertement le terrain pour des variantes alternatives de règlement du problème », ajoute M. Kamynine, suggérant ainsi une possible opération militaire géorgienne.
Ces incidents ne font qu’aggraver la situation autour des régions séparatistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, de facto indépendantes depuis des conflits armés au début des années 1990 et soutenues par Moscou.
Le président pro-américain Saakachvili s’est engagé à rétablir le contrôle de Tbilissi sur ces territoires où les incidents se sont multipliés ces derniers mois.
Des affrontements avaient eu lieu fin juillet dans les gorges de Kodori, à la limite de l’Abkhazie, faisant officiellement un mort civil et blessant deux officiers géorgiens lors d’une importante opération de la police géorgienne.
Deux soldats russes des forces de paix ont été tués début août par des tirs en Abkhazie, selon les autorités séparatistes. Peu après, trois policiers ont été blessés en Géorgie par des hommes masqués venus d’Ossétie du Sud, qui ont tiré sur leur convoi avant de s’enfuir, selon la police géorgienne.
