Colère d’Ankara: Paris tente de calmer le jeu et de préserver ses intérêts

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Le gouvernement français a tenté jeudi de préserver ses relations diplomatiques et économiques avec la Turquie en se démarquant du vote par les députés d’une loi sur le génocide arménien.

Embarrassé, le gouvernement redoute qu’une nouvelle crise ouverte avec Ankara ne se traduise effectivement par des représailles et la perte de milliards d’euros de contrats pour les entreprises françaises en Turquie.

Sous le feux des critiques turques, Paris se retrouve aussi en porte-à-faux vis-à-vis de Bruxelles qui a critiqué le vote de jeudi. Sur la défensive, la ministre des Affaires européennes Catherine Colonna a réaffirmé que le gouvernement « n’était pas favorable » à cette loi, proposée par la minorité socialiste, et qui rend passible de prison la négation du génocide arménien.

Cette loi « risque d’avoir des effets contraires à ceux recherchés », a souligné la ministre. La Turquie s’est « progressivement résolue depuis peu » à un travail de mémoire sur son passé, a-t-elle dit lors des débats à l’Assemblée. « Nous ne devons pas fragiliser cette première avancée ».

Le ministère français des Affaires étrangères a souligné que Paris restait « très attaché au dialogue » et aux « liens solides d’amitié et de coopération » avec la Turquie. Ankara a immédiatement réagi au vote de jeudi, en affirmant par la voie de son ministère des Affaires étrangères qu’il s’agissait d’un « coup dur » pour les relations franco-turques.

Le président du Parlement turc Bülent Arinç a accusé la France d’avoir adopté une attitude « hostile » envers la Turquie. Mais le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a expliqué que le chemin était encore long avant que le texte adopté jeudi soit définitivement voté par le Parlement.

Et il a souligné que le gouvernement mettrait « à profit chaque étape pour continuer à faire connaître sa position sur cette proposition de loi, qui ne lui semble pas nécessaire et dont l’opportunité est discutable ». De fait, le gouvernement peut décider de ne pas inscrire ce texte à l’ordre du jour au Sénat.

Le Parti socialiste a pris de son coté l’engagement, si la droite bloquait l’inscription de la proposition au Sénat, de la reprendre après les élections du printemps 2007 en cas de victoire de la gauche.

La ministre du Commerce extérieur Christine Lagarde a souligné que la relation avec la Turquie était « un enjeu économique très important pour la France », avec un encours de 10 milliards d’euros de contrats pour les entreprises françaises et « un peu plus de 5 milliards d’exportations chaque année ».

« La Turquie, c’est un gros marché pour nous et, clairement, on est en train de faire de cet enjeu économique pour la France une cause électoraliste qui ne me paraît pas justifiée », avait estimé mercredi la ministre, pour qui « il faut laisser l’Histoire aux historiens ».

« Apparemment les Turcs sont très remontés, mais on peut se demander si ils ont un intérêt réel à prendre des sanctions, au moment où ils sont engagés dans de difficiles négociations pour entrer dans l’Union européenne et doivent défendre leur image auprès des Européens », a estimé Dorothée Schmid, une spécialiste de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

La commission européenne a aussi critiqué la démarche française, en jugeant que la proposition de loi sur le génocide « empêcherait le dialogue pour la réconciliation » entre la Turquie et l’Arménie.

La Commission s’était aussi agacée de l’initiative du président Jacques Chirac, qui, lors d’une visite en Arménie il y a deux semaines, avait appelé la Turquie à reconnaître le génocide arménien pour pouvoir entrer dans l’Union européenne (UE) -une condition que ne pose pas Bruxelles-. Le président de la Commission José Manuel Barroso avait estimé que l’UE ne devait « pas ajouter de nouveaux critères » d’adhésion à la Turquie.

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Author: raffi

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