Orhan Pamuk, fierté littéraire et source d’embarras pour la Turquie

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Cible des nationalistes pour sa défense des causes arméniennes et kurdes, l’écrivain turc Orhan Pamuk, 54 ans, lauréat 2006 du Nobel de littérature, est source de fierté littéraire pour son pays mais aussi d’embarras.

Orhan Pamuk, qui accumule les prix littéraires à l’étranger (dont le prestigieux Prix de la Paix des libraires allemands en octobre 2005 et le prix Médicis français du roman étranger la même année) traite dans son oeuvre, traduite en une vingtaine de langues, des conflits d’une société entre Orient et Occident.

Les efforts séculaires de la Turquie pour s’intégrer à l’Europe et les déchirements souvent douloureux, tant pour la société que pour les individus, que ce mouvement à marche forcée vers l’ouest a induits sont en effet au coeur de ses livres.

Il s’est vu qualifier de renégat par ses détracteurs en Turquie pour ses déclarations sur des sujets longtemps restés tabous. «Un million d’Arméniens et 30 000 Kurdes ont été tués sur ces terres, mais personne d’autre que moi n’ose le dire», avait-il affirmé en février 2005 dans un hebdomadaire suisse.

Ses propos ont soulevé une prompte réaction de la justice turque, qui l’a poursuivi pour insulte ouverte à la nation turque, un crime passible de six mois à trois ans de prison.

Des menaces de mort ont suivi ainsi que l’ordre, dans une province de l’ouest de la Turquie, de brûler ses livres. Une injonction ensuite retirée sous la pression du gouvernement, désireux de ne pas ternir son image avant le lancement de négociations d’adhésion avec l’Union européenne.

«Je soutiens la candidature de la Turquie à l’adhésion à l’UE (…) mais je ne peux pas dire à ces adversaires de la Turquie : ce n’est pas vos affaires s’ils me jugent ou pas. Du coup, je me sens coincé au milieu. C’est un fardeau», a déclaré Pamuk, qui se considère d’abord comme écrivain sans intentions politiques.

Les poursuites ont finalement été abandonnées début 2006.

Grand, dégingandé, nerveux, parlant vite et fort, il fut le premier écrivain dans le monde musulman à condamner ouvertement la fatwa de 1989 contre Salman Rushdie et il prit position pour son collègue turc Yasar Kemal quand celui-ci fut appelé en justice en 1995.

Né le 7 juin 1952 dans une famille francophile aisée d’Istanbul, l’écrivain a abandonné à l’âge de 23 ans des études en architecture pour s’enfermer dans son appartement et se consacrer à la littérature. Sept ans plus tard était publié son premier roman, Cevdet Bey et ses fils.

L’irritation de ses détracteurs est montée d’un cran après son refus, en 1998, d’accepter le titre d’«artiste d’État». Il était alors déjà devenu l’écrivain numéro un en Turquie avec des ventes records et son sixième roman, Mon Nom est Rouge (subtile réflexion sur la confrontation entre Orient et Occident dans l’Empire ottoman à la fin du XVIe siècle) allait sous peu lui ouvrir les portes de la célébrité internationale.

Le livre noir (1990), l’un des romans les plus lus en Turquie, décrit la recherche effrénée d’une femme par un homme pendant une semaine dans une Istanbul enneigée, boueuse et ambiguë.

Neige (2002), plaidoyer pour la laïcité, est une réflexion sur l’identité de la société turque et la nature du fanatisme religieux. Orhan Pamuk a aussi écrit La Maison du Silence (1983), Le Château Blanc (1985), La Vie Nouvelle (1994) et Istanbul (2003).

Père d’une adolescente, il est divorcé. En dépit des controverses qu’il suscite, Pamuk, cheveux grisonnants et portant des lunettes, souvent habillé d’un simple t-shirt et d’une veste, n’intervient que rarement sur la scène publique, préférant le désordre enfumé de son bureau aux projecteurs des plateaux de télévision.

raffi
Author: raffi

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