La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a achevé samedi une tournée de six jours au Proche-Orient et à Londres marquée par de multiples contrariétés, aussi bien en termes de résultats que d’image.
Les soucis ont commencé avant même son départ de Washington dimanche soir : la publication de plusieurs livres mettant l’accent sur les erreurs stratégiques et les mauvais calculs de l’administration dans la guerre en Irak, ont éclaboussé pour la première fois la réputation de l’intouchable chef de la diplomatie américaine, star du gouvernement Bush.
Mme Rice, furieuse, a donc entamé sa tournée par de longues déclarations démentant avoir ignoré une mise en garde pressante de George Tenet, l’ancien directeur de la CIA, sur la possibilité d’un attentat d’Al-Qaïda contre les Etats-Unis, deux mois avant le 11-Septembre.
Puis elle s’est rendue à Djeddah et au Caire pour tenter de rassembler un front de huit gouvernements arabes « modérés » pour « combattre vigoureusement » l’extrémisme et le terrorisme au Proche-Orient.
Mais ce qu’elle a obtenu, c’est un message unifié des alliés arabes des Etats-Unis: l’administration américaine doit s’engager sérieusement dans le processus de paix israélo-palestinien, faute de quoi le « nouveau Proche-Orient » auquel elle aspire ne verra jamais le jour.
Message reçu: Mme Rice a indiqué vendredi aux journalistes voyageant avec elle qu’elle aurait à son retour des « discussions détaillées » avec le président George W. Bush et les responsables de la sécurité nationale.
« C’est une période absolument cruciale au Proche-Orient. Je l’ai entendu partout: ce n’est pas le moment de rester inactifs en termes de politique pour le Proche-Orient », a-t-elle ajouté.
Elle s’est rendue ensuite à Jérusalem et Ramallah, pour soutenir le président modéré de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, alors que son mouvement le Fatah et les islamistes du Hamas à la tête du gouvernement sont engagés dans une épreuve de force qui a fait une dizaine de morts.
Mais elle n’a obtenu que des engagements israéliens limités dans le domaine humanitaire en faveur des Palestiniens. Le bureau du Premier ministre Ehud Olmert s’est contenté d’indiquer que le point de passage de marchandises de Karni, entre Israël et la bande de Gaza, « serait bientôt rouvert », sans donner de précision sur la date.
Israël n’a fait aucune concession sur un éventuel échange de prisonniers et n’a pris aucun engagement précis sur le déblocage des sommes dues à l’Autorité palestinienne.
Puis Mme Rice s’est rendue en Irak pour apporter son soutien au plan de réconciliation nationale du Premier ministre Nouri al-Maliki, mais les contrariétés se sont accumulées pour le secrétaire d’Etat, habituée à mener ses tournées à l’étranger tambour battant.
Alors qu’elle ne cesse de faire état de « progrès » en Irak, son avion a dû survoler l’aéroport de Bagdad pendant près de 45 minutes, attendant la fin d’une attaque à la roquette pour pouvoir atterrir à Bagdad.
Elle est partie le lendemain pour Erbil, au Kurdistan irakien, mais ce qui aurait dû apparaître dans la presse comme un effort vertueux pour convaincre les Kurdes de partager leurs richesses pétrolières avec les autres Irakiens, a tourné au cauchemar.
L’avion militaire prêté à la secrétaire d’Etat a eu des ennuis techniques qui l’ont cloué au sol et Mme Rice, considérée comme l’une des femmes les plus puissantes du monde, a dû attendre plus de deux heures un autre avion, ce qui lui a fait rater le début d’une réunion cruciale des grandes puissances sur le dossier iranien, sa priorité absolue.
Elle a finalement participé à 45 minutes de réunion, et les ministres ont dû renoncer à la traditionnelle photo de famille qu’ils utilisent habituellement pour montrer leur unité, certains d’entre eux ayant dû partir préalablement à cause du retard de Mme Rice.
