Les retraités turcs évitent les maisons de retraite en Allemagne

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Une large majorité des retraités turcs préfère rester en Allemagne que retourner vivre en Turquie, mais évite les maisons de retraite, dont ils perçoivent le séjour comme un échec personnel.

Alors que la première maison spécialisée pour retraités turcs doit ouvrir ses portes à la fin de l’année dans le quartier berlinois de Kreuzberg, où vit une importante communauté turque et kurde, les connaisseurs doutent qu’elle fasse école.

Quelque 170.000 retraités turcs résident en Allemagne mais ils restent extrêmement sous-représentés dans les maisons de retraite.

« Une maison de retraite classique représente pour beaucoup une isolation de plus », explique à l’AFP le secrétaire général de TGB, Celal Altun. Mais, insiste-t-il, la maison de Kreuzberg –un projet de 5 millions d’euros, né d’un contrat passé entre la Communauté Turque de Berlin (TGB) et la compagnie allemande de soins à domicile Marseille-Kliniken–, répondra parfaitement à leurs besoins culturels, linguistiques, alimentaires et religieux.

Nare Yesilyurt-Karakurt, gérante d’un centre de soins de jour pour retraités d’origine étrangère à Berlin, est pourtant sceptique: « je ne pense pas qu’une maison de retraite puisse attirer les retraités turcs, même si elle est spécialisée pour eux. Aller dans une maison de retraite, est pour eux synonyme d’échec: la famille ne les soutient pas, ils sont des perdants », dit-elle.

Dans son centre qui reçoit les patients uniquement à la journée, la toilette, effectuée sous la douche à l’eau courante pour des raisons religieuses, et les habitudes alimentaires sont prises en compte.

« Nous n’employons que du personnel parlant le turc », dit-elle, beaucoup de retraités de la première génération possédant souvent un niveau d’allemand rudimentaire.

« Dans une maison de retraite classique, on propose aux patients des activités de broderie, tapisserie ou tissage. Les patients que nous recevons viennent souvent de régions rurales et ont souvent été forcés d’effectuer ce type de travaux dans leurs jeunes années. Nous proposons donc plutôt des activités thérapeutiques basées par exemple sur la musique folklorique turque. », explique Mme Yesilyurt-Karakurt.

Elle travaille aussi sur un projet d’appartement collectif médicalisé. « Il s’agit de la solution idéale. Les retraités turcs vivent avec d’autres personnes, mais ils disposent d’une certaine indépendance. Ainsi, ils n’ont pas l’impression d’être dans une maison de retraite », explique-t-elle. Il s’agira du premier appartement collectif médicalisé pour retraités d’origine étrangère en Allemagne.

Contrairement aux idées reçues, une large majorité des Turcs, ayant travaillé dans des conditions difficiles et souvent en mauvaise santé malgré leur âge relativement peu avancé, choisit de rester en Allemagne une fois atteint l’âge de la retraite.

Pour Filiz Müller-Lenhart, chargée du programme pour retraités auprès de l’organisation allemande d’aide sociale aux travailleurs, la raison principale reste les enfants et les amis.

« La plupart des retraités turcs sont arrivés jeunes en Allemagne, souvent vers l’âge de 20 ans. Ils ont effectué toute leur période de socialisation en Allemagne et n’ont plus que des liens sociaux faibles en Turquie », explique-t-elle.

Hatice Ingecoglu, 65 ans, suit des cours d’alphabétisation à l’Association des Femmes Turques de Berlin. Arrivée dans les années 60, elle ne peut imaginer retourner définitivement en Turquie. « Mes enfants vivent tous en Allemagne. Quand je me rends en Turquie, je voyage seule. Et là-bas, je me sens seule aussi. Mes vrais amis, ma vie sociale sont ici. Et puis, qu’est-ce qui m’arriverait si je tombais malade en Turquie? Là-bas, je n’ai aucune couverture sociale », explique Mme Ingecoglu.

raffi
Author: raffi

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