Au deuxième jour de sa visite en Turquie, Benoît XVI se rend mercredi à Ephèse, près d’Izmir, sur la côte d’Asie mineure, où la Vierge Marie aurait passé les dernières années de sa vie. Le pape gagnera ensuite Istanbul, l’ancienne Constantinople, carrefour entre Asie et Europe, cultures et religions.
Mardi, à son arrivée à Ankara, le souverain pontife, qui effectue sa première visite dans un pays majoritairement musulman, a lancé un appel au dialogue et à la tolérance, deux mois et demi après la polémique suscitée par ses propos sur l’islam et la violence. Il a également souhaité une adhésion de la Turquie à l’Union européenne, a rapporté le Premier ministre turc Tayyip Erdogan. « Une surprise de la part du pape: Benoît, qui s’était déclaré hostile à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, a tenu un autre langage à Ankara », écrit mercredi le quotidien de gauche Cumhuriyet.
Prié de préciser la position du Vatican, le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, a déclaré que le pape ne peut prendre de position politique mais « encourage et voit de façon positive la Turquie s’engager sur la voie du dialogue, du rapprochement, de la participation à l’Europe, sur la base de valeurs et de principes communs ». « Ça a commencé de belle manière. A Ankara, le pape a dit au monde que l’islam était une religion de paix », se réjouit de son côté l’influent quotidien Hurriyet. La visite de Benoît XVI est entourée d’importantes mesures de sécurité mais seules deux petites manifestations, pacifiques, ont été organisées à Ankara mardi contre la venue du chef de l’Eglise catholique.
Trois mille policiers patrouillaient dans la capitale turque, des tireurs d’élite étaient postés sur les toits et des véhicules blindés stationnaient aux principaux carrefours. Les rues étaient pratiquement vides, illustration du peu d’intérêt que suscite la visite du pape parmi la population.
Lundi, le grand mufti de Turquie, Ali Bardakoglu, la plus haute autorité religieuse du pays, a rencontré Benoît XVI et n’a pas manqué de lui reprocher ses propos de septembre à Ratisbonne sur les liens entre islam et violence, qui ont soulevé une vague d’indignation dans le monde musulman. Pour le journal Sabah, le grand mufti a en quelque sorte « fait la leçon » au pape sur la véritable nature de l’islam. Benoît XVI, pour sa part, a souligné la nécessité du dialogue entre chrétiens et musulmans, qui « croient au même Dieu » et sont d’accord sur le sens et le but de la vie.
Mercredi, à Ephèse, il se rend à la « Maison de Marie », découverte au XIXe siècle par des archéologues qui ont mené leurs recherches à partir des écrits de la visionnaire allemande Anne Catherine Emmerich. Il dira une messe dans le petit sanctuaire visité chaque année par des dizaines de milliers de chrétiens et de musulmans. Le pape gagnera ensuite Istanbul, l’ancienne Constantinople, qui fut la capitale de l’Empire byzantin pendant plus de mille ans, jusqu’à sa chute aux mains des Ottomans en 1453. Il y sera jusqu’à vendredi en milieu de journée l’invité du patriarche oecuménique Bartholomée, chef spirituel de 250 millions de chrétiens orthodoxes.
