Les propositions de l’Union européenne concernant Chypre sont « déséquilibrées », a estimé lundi à Genève le chef des Chypriotes turcs, Mehmet Ali Talat, refusant à Bruxelles un rôle de bons offices entre les deux parties de l’île.
La présidence finlandaise de l’UE a donné lundi jusqu’à début décembre à la Turquie pour établir des relations normales avec la partie grecque de Chypre, faute de quoi les 25 devront « envisager les implications pour le processus d’adhésion » d’Ankara.
A l’issue d’un entretien avec le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, M. Talat a déclaré devant la presse que les propositions de l’UE étaient « déséquilibrées ». « Malheureusement, le plan finlandais donne tout aux Chypriotes grecs », a-t-il dénoncé, estimant que l’UE ne saurait jouer un rôle impartial puisque la Grèce et Chypre (à l’exception de sa partie turque) font partie de l’Union.
L’UE « n’a pas de connaissance suffisante du problème chypriote et ne peut pas jouer les bons offices », a-t-il déclaré.
La présidence finlandaise a présenté fin septembre un plan visant à reprendre le commerce direct entre l’UE et la communauté chypriote turque et obtenir en échange de la Turquie qu’elle ouvre ses ports et aéroports aux navires et avions chypriotes grecs.
La Turquie a signé en juillet 2005 un protocole qui étend son union douanière avec l’UE aux dix Etats entrés dans le bloc européen en 2004. Mais malgré les menaces d’une suspension des pourparlers d’adhésion à l’UE, elle refuse de l’appliquer aux Chypriotes grecs, exigeant au préalable la levée de l’embargo qui frappe la République turque de Chypre du Nord (RTCN, reconnue uniquement par Ankara).
M. Talat a estimé que le plan de réunification de M. Annan à propos de Chypre, île divisée depuis 1974, restait la seule option possible. Ce plan a été approuvé en 2004 par les Chypriotes turcs mais rejeté par les Chypriotes grecs.