Le progrès de Lyon
Article du jeudi 2 novembre 2006
Parmi d’autres délits relevés à travers le pays, des ordinateurs ont été volés à la Maison de la culture arménienne de Villeurbanne, le lendemain de l’adoption par les députés d’un texte pénalisant la négation du génocide arménien. Les associations y voient la main des services secrets turcs.
«Impossible que ce soit un hasard ou de simples cambriolages. Les cibles ont été choisies, les actions coordonnées et quand on voit le degré de réussite des opérations, on imagine assez facilement que ce sont les services turcs qui ont fait le coup ». Daniel Meguerditchian, secrétaire du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) et Jules Mardorissian, son président régional, ont fait savoir, hier, lors d’une conférence de presse à Lyon, qu’une série de vols d’ordinateurs avaient visé des responsables de leur communauté à Villeurbanne, mais aussi en région parisienne. Ces cambriolages se sont produits peu après l’adoption par l’Assemblée nationale du projet de loi pénalisant la négation du génocide arménien – c’était le 12 octobre dernier. Dans la nuit du 13 au 14 octobre, deux unités centrales ont été dérobées à la Maison la culture arménienne de Villeurbanne, qui héberge également les bureaux du CCAF (1).
« Les cambrioleurs sont rentrés par une porte-fenêtre, à l’étage, après avoir tenté de forcer sans succès les autres accès. Ils n’ont pas emporté les objets de valeur, comme une imprimante couleur très coûteuse » relève Daniel Meguerditchian.
La nuit d’avant, la voiture de l’attachée de presse du CCAF avait été caillassée, quai de Serbie, dans le 6e arrondissement de Lyon : « Les vitres ont été cassées et la carrosserie est endommagée ».
Autre fait troublant : toujours dans la nuit du 13 au 14 octobre, le rédacteur en chef des Nouvelles d’Arménie s’est fait dérober son ordinateur à son domicile parisien.
Même chose pour le directeur d’une école de communication située à Levallois-Perret.
Autant de personnes ou d’institutions qui ont en commun de militer pour la reconnaissance du génocide arménien de 1916 et dont la Turquie nie catégoriquement l’existence.
« Quatre ou cinq jours après ces vols, des membres de la communauté arménienne de Marseille ont reçu des menaces de mort par téléphone, reprend Daniel Meguerditchian. Moi-même, j’ai droit à quatre appels anonymes par jour ». Lui a porté plainte pour harcèlement et la Maison de la culture arménienne, pour vol.
« Ce sont des manoeuvres d’intimidation qui ne nous feront de toute façon pas renoncer à notre combat. Notre travail a été un peu désorganisé, mais toutes nos données avaient été sauvegardées sur d’autres supports ». Une audience a été demandée à Jacques Chirac, compte tenu de la « gravité de ces faits ».
Nicolas Ballet
(1) Le CCAF regroupe une soixantaine d’associations arméniennes de Rhône-Alpes. Dans la région, la communauté arménienne représente 40 000 personnes, soit environ 10 % de la communauté nationale.
« Accuser la Turquie est ridicule »
Le conseiller presse de l’ambassade de Turquie à Paris, Derya Tutumel, affirme que son pays n’est en rien impliqué dans cette série de vols avec effraction : « Nous sommes habitués aux accusations sans preuve lancées par la communauté arménienne. Tout cela est ridicule » nous a-t-il déclaré. Le consul de Turquie à Lyon n’a pu être joint pour réagir aux accusations du CCAF.
