Le gouvernement d’Estonie a adopté un projet de loi bannissant de la vie publique les symboles communistes et nazis, a annoncé jeudi le Premier ministre estonien Andrus Ansip.
La nouvelle loi définit comme un délit, passible de trois ans de prison, le déploiement de drapeaux ou d’autres symboles de l’Union soviétique et de l’Allemagne nazie, deux « régimes d’occupation ».
Les nouvelles dispositions, qui doivent encore recevoir l’approbation du Parlement pour entrer en vigueur, « ne sont pas dirigées contre une occupation mais contre les deux occupations de l’Estonie », a déclaré M. Ansip à la presse.
Alors que l’interdiction des symboles nazis ne suscite guère de controverse, celle des symboles de l’ère soviétique est plus délicate.
L’Estonie a recouvré son indépendance après la chute de l’URSS en 1991 et depuis lors Tallinn est en conflit avec Moscou sur l’héritage de la Seconde Guerre mondiale.
Dominée par la Russie tsariste jusqu’en 1918, l’Estonie était indépendante jusqu’à une nouvelle occupation par la Russie soviétique en 1940, avant d’être occupée à son tour par l’Allemagne nazie en 1941.
Quand, en 1944, l’Armée soviétique de Staline avait vaincu les troupes de Hitler à l’Est, l’Estonie et les deux autres pays baltes, la Lettonie et la Lituanie, ont été incorporés dans l’Union soviétique.
Moscou refuse toujours de qualifier d’occupation les cinq décennies de son pouvoir, alors qu’un tiers des 1,3 million d’habitants de l’Estonie sont des familles de Russes, pour la plupart déplacés dans ce pays à l’époque soviétique.
Beaucoup de russophones, dont des vétérans de la guerre, ont encore l’habitude d’exhiber à l’occasion de différents anninversaires, célébrés aux temps de l’URSS, le drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau.
