Deux organisations juives de Roumanie ont contesté jeudi une récente décision de la Cour d’appel de Bucarest d’acquitter de l’accusation de « crimes contre la paix » le maréchal pro-nazi roumain Ion Antonescu, condamné à mort et exécuté en 1946, rapporte l’agence Mediafax.
Dans un communiqué, la Fédération des communautés juives de Roumanie et l’Association des victimes de l’Holocauste ont exprimé leur « inquiétude » quant à cette décision de justice portant sur des accusations liées à la guerre déclenchée en 1941 contre l’URSS.
« A cette époque, Ion Antonescu a été un fort allié de Hitler, menant à ses côtés une guerre qui a fait des millions et millions de victimes, y compris dans la population roumaine », ont déclaré les deux organisations.
Cette décision « pourrait générer des attitudes et des actions extrémistes dans notre pays, avec des effets négatifs sur le climat politique national et international », poursuit le communiqué.
Le juge roumain Adrian Podar avait estimé que les accusations de « crimes contre la paix », formulées par le « Tribunal du peuple » à l’encontre du maréchal et de plusieurs membres de son gouvernement, n’étaient pas justifiées.
« La guerre déclenchée par la Roumanie contre l’URSS était légitime et visait à écarter la menace militaire soviétique des frontières roumaines », avait souligné le juge.
Ce verdict ne blanchissait pas en revanche M. Antonescu des accusations de « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité ».
La décision de la Cour d’appel de Bucarest était intervenue à la suite d’un procès appelant à la réhabilitation du gouverneur de la Transdniestrie, Gheorghe Alexianu, lui-même condamné à mort avec le maréchal Antonescu.
Région placée à l’époque sous administration roumaine, la Transdniestrie avait été le théâtre des déportations par Antonescu de plusieurs dizaines de milliers de juifs et de tziganes.
Selon un rapport rédigé par une commission d’historiens sur la participation de la Roumanie à la Shoah, un total de 270.000 juifs roumains et ukrainiens ainsi que quelque 20.000 tziganes sont morts dans les territoires administrés par Bucarest pendant le régime Antonescu.
