Six familles accueillies au Centre d’accueil de demandeurs d’asile de Chalon

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mardi 6 mars 2007

Le dossier du jour : Six familles accueillies au Centre d’accueil de demandeurs d’asile de Chalon

« L’espoir d’une seconde chance pour vivre enfin dignement »

Esmira et sa famille ont dû abandonner l’Arménie pour échapper aux violences de ceux qui ne voulaient pas qu’une musulmane vive avec un chrétien. A Chalon, elle attend le verdict de l’OFPRA pour réaliser son rêve : vivre, travailler et se marier.

Frêle mais diablement volontaire, Esmera Osmanzade, 21 ans, a vécu l’enfer sept années durant. Dans un français presque parfait, elle raconte son histoire dans l’appartement du Centre d’accueil pour demandeurs d’asile qu’elle occupe temporairement.

Petite orpheline de 4 ans après que ces parents aient été assassinés lors des troubles qui secouèrent le Haut-Karabagh (province que depuis 15 ans Arménie et Azerbaïdjan se disputent) en Géorgie. La petite fille qui appartient à la minorité azerii est ensuite recueillie par une dame qui l’élève. Elle fréquente l’école et rencontre un garçon, Gagik Barseghyan, alors qu’elle n’a que 13 ans.
Ce qui aurait pu être un joli conte se transforme en une vie solitaire et difficile pour la jeune femme, son mari et leurs enfants âgés de 2 et 7 ans. Personne n’accepte cette musulmane, pas même la famille de Gagik qui lui tourne le dos et dont ils n’ont plus de nouvelles. Tous sauf Juletta, la mère de Gagik et son mari décédé l’an passé.

Sept ans d’espoir pour que les choses changent pour Esmera et sa famille. Peine perdue, elle ne peut sortir de chez elle, pas d’école non plus pour le petit Achot, les autres mères ne veulent pas du fils de la musulmane. Pas de mariage possible. Pas de papier pour Esmera autres que son acte de naissance. Des intimidations, des menaces.
« Retourner en Azerbaïdjan, c’est Gagik qui aurait été traité comme moi en Arménie, j’ai pensé partir seule, mais je ne voulais pas que mes fils grandissent sans l’amour de leur papa ». et puis un jour, Gagik, grâce à son activité de chauffeur de taxi, entend parler d’un homme, Ali qui, moyennant finances -9 000 dollars (environ 7 500 €)- peut donner de faux papiers pour partir. Partir et tout abandonner : maison, biens, travail. Une semaine pour préparer un départ en secret et la famille accompagnée de la belle-mère s’embarque.

Esmera a choisi la France à l’école en Géorgie où elle avait appris le français, puis continué seule en attendant son fils aîné.

Arrivée à Mulhouse, la famille fait la rencontre d’un jeune Arménien qui explique à Esmera l’existence d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile. Un hôtel, un foyer de transit, le dépôt du dossier auprès de l’Office français pour les réfugiés et apatrides et enfin l’arrivée à Chalon où la famille est prise en charge par Christelle Swital, l’un des deux éducateurs du Cada de Chalon.
Un appartement dans une cité de Chalon, la vie qui s’organise et les rêves aussi. Une étape dans la reconstruction d’une nouvelle vie.

Tout le monde s’est mis au français à l’association Pêle-Mêle. Esmera embraye même sur l’anglais et l’informatique avec une facilité déconcertante. Gagik pratique le judo, lui, qui en Arménie était entraîneur, l’aîné des fils va à l’école depuis octobre et il adore ça. A bientôt 8 ans, il n’avait jamais connu la joie de côtoyer d’autres enfants.
Toute la famille déploie une belle énergie pour s’en sortir et s’insérer dans la société française. Esmera s’émerveille de pouvoir sortir de chez elle sans risque : « C’est très bizarre pour moi de trouver des gens qui m’aident, ceux du Cada sont exceptionnels, ils nous accompagnent, nous soutiennent. Je ne fais plus de cauchemars, je rêve même de faire des études pour apprendre des langues étrangères, je parle déjà le russe, l’arménien, le français, j’apprends l’anglais. Je voudrais devenir traductrice pour des demandeurs d’asile. Je rêve aussi de me marier, même civilement et d’obtenir cette seconde chance d’enfin vivre dignement comme les autres ».
Tout ne tient cependant qu’à un fil, une lettre plutôt, qui pourrait signifier un refus du statut de demandeur d’asile. Il y a bien un recours, il faut un avocat que doivent payer les familles, car le Cada ne dispose pas des fonds pour financer ces honoraires. 800 à 1 200 € quand on n’a en poche qu’une petite centaine d’euros par semaine pour faire vivre cinq personnes. En attendant, Esmera a pris sur elle de constituer un dossier qu’elle présentera à l’OFPRA pour justifier de la bonne intégration du petit à l’école, des démarches entreprises en France et surtout raconter les sévices subis en Arménie.

Difficile. Les larmes viennent facilement, mais chacun sait qu’il faut à la fois avoir l’espoir et s’attendre à un refus. Esmera confie : « Il y a une flamme dans mon cœur qui me dit que je peux rester ici ».

Meriem Souissi

Le Journal de Saône-et-Loire

raffi
Author: raffi

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